Les sentiments. Pourquoi commencer par là ? Et bien il faut bien commencer par quelque chose n’est ce pas. Et je ne compte pas vous livrer mon pédigrée tout entier, non on n’est pas assez intime pour cela. Mais je peux vous faire partager certaines choses, peut être que pour vous cela sera des trucs sans importances mais pour moi ce sont de doux souvenirs qui bercent encore mes nuits.

Parler de sentiments n’est pas spécialement aisé pour moi, faut dire que depuis quelques années je n’y crois plus, depuis mes seize ans exactement. Je vous dirais pourquoi plus tard, enfin si j’ai envie. Alors je ne crois plus aux sentiments, surtout en l’amour, au vrai, à celui qui te fait chavirer le cœur, celui qui te fait voir des arcs en ciel, celui qui te rend toute chose. Car pour les autres je suis ok, la vengeance, la haine, le dégout, la rage, la peur, l’amitié un peu, la peine etc … je ne vais pas tous vous les citer. Pourtant l’amour j’y suis tombée très jeune dedans, à cause de mes parents. Mon père a toujours eu cette lumière dans ses yeux quand il regardait ma mère et il l’a encore, je peux vous le jurer. Même après vingt cinq des disputes et  des pleurs, rien à changer c’est comme au premier jour et parfois je les envie. Je me suis souvent dis que cela devait être magique et presque irréel d’éprouver cela pour une personne du sexe opposé. Mais la vie en à décider autrement pour moi ou plutôt je l’ai pas mal aidé. Maintenant pour moi l’amour c’est qu’un truc pour faire pleurer les minettes et rendre les hommes bêtes. Pour faire vendre des boites de chocolat et des bouquets de roses rouges pour la St Valentin, enfin c’est idiot et puis cela sert juste à faire souffrir. C’est vrai mes parents, mais il en existe combien comme eux, bien moins que de comme moi, qui préfère ne pas aimer pour ne pas souffrir.


Mes sentiments. Pourtant une fois mon cœur a vraiment battu pour un garçon car oui à ce moment là, il n’était qu’un garçon, et moi qu’une jeune fille avide de pouvoir, enfin un truc dans le style. Il était nouveau et moi j’étais la star en quelque sorte du lycée. Une poupée voir inaccessible pour les mecs comme lui et je lui ai fait un peu du rendre dedans. J’ai joué, au départ c’était un jeu, un pari stupide, mais ça m’amusais alors pourquoi résister. Il était nouveau et il n’y a vu que du feu, le pauvre. Il est tombé en plein dedans, il n’a rien vu venir et moi je me délectais de le voir craquer pour mes beaux yeux. Il était si gentil, si amoureux aussi enfin je crois, et si naïf. Deux mois à lui faire croire n’importent quoi, surtout qu’il était tout pour moi et puis il a découvert la vérité sur ce pari idiot et tout a été terminé. Nous n’avons échangé qu’un baiser tendre et passionné, mais cela a été suffisant pour tout changer. Mais c’était trop tard, lorsque j’ai voulu faire marche arrière, lorsque j’ai voulu m’excuser et lui faire part de mes sentiments qui étaient sincère. C’était trop tard je l’avais perdu, et je m’oublierais pas ce jour il est gravé au fer rouge sur mon cœur c’était un samedi de juin 2008 le 6 plus exactement. Et non je n’ai rien oublié. Ni la façon dont il m’a regardé alors que je lui avouais je l’aimais, ni la façon dont il m’a parlé. Il c’est même barré sans me jeter un dernier coup d’œil. Je venais de perdre mon premier grand amour, alors depuis pour moi les sentiments c’est peine perdu. Pourtant au fond de mon cœur il reste une petite étincelle, mais il en faudrait beaucoup pour lui donner vie. Et puis il n’y a que Robin, oui c’est le prénom de celui que j’ai fais souffrir, il n’y a surement que lui qui pourrait la rallumer. Mais ça ce n’est pas gagné.


Sans sentiments. Alors j’ai décidé de continuer ma vie, de toute façon je n’aillais pas me foutre en l’air pour lui. J’ai fini mes études, et j’ai eu mon diplôme mais je ne voulais pas aller plus loin et mes parents ne m’ont pas contrarié. J’ai rangé mes livres et mes cahiers dans un carton et les ai mis au grenier. J’ai cherché du boulot, afin de gagner de quoi pouvoir m’amuser. Oui mes parents pouvaient subvenir à mes besoins, mais vu que je voulais faire un peu ce que j’avais envie et bien l’argent que je gagnais me le permettait. Alors je bosse dans un bar, comme serveuse c’est vrai que je pourrais faire autre chose mais cela me convient. Je vois du monde, certains clients ne résistent pas à mon sourire et puis j’aime cette ambiance toujours à la limite entre le permis et l’interdit. Et lorsque je n’ai pas assez d’argent et bien je deal un peu au pas grand-chose, c’est juste en dépannage et c’est amusant car c’est parfois risqué. Et j’aime ça cette sensation de frisson que cela me procure. Et puis il y a les soirées entre copines, et copains, avec comme maitre de cérémonie l’alcool et  les drogues. Je ne fais pas que vendre ces produits là, je les laisse aussi pénétrer mon corps et mon esprit. C’est amusant comme la vie parait différente quand on a quelques verres dans l’estomac et que l’esprit est corrompu par de divines amies aux noms exotiques. Et dans ses soirées là il y a aussi la danse, j’adore danser, laisser mon corps rendre fous les hommes qui me tournent autour. Alors le corps perdu par la musique, l’esprit ivre et embrumé par tout ce que j’ai consommé, la nuit peut enfin s’achever dans un lit. La peau chaude d’un homme contre ma peau nu est le Graal de ma fin de soirée.  N’aller pas penser que je fais cela pour de l’argent, non c’est pas mon genre. Moi je fais juste ça pour le sexe, c’est un peu vital et puis quand cela ne dure qu’une nuit pas de souffrance après. Juste peut être des regrets, mais je ne vais pas pleurer sur mon sort car pour être honnête qu’il y a-t-il de mieux que d’être dans les bras d’un mec. Être amoureuse, non mais vous n’avez pas compris.


Des sentiments. C’est surement parce qu’il reste quelque part en moi un résidu de cette chose qui fait que je fais que je fais. Un résidu de sentiment, d’amour, cela me donner envie de vomir rien que d’y penser et pourtant faut pas que je me voile les yeux.  J’ai essayé de ne pas le faire, essayer de me tourner vers d’autre chose, mais bon Dieu, ah non faut pas jurer. Mais bon sang c’est plus fort que moi, plus fort que tout. Il y a six ans je l’ai laissé partir et cela m’a fait comme un trou dans le cœur, et je n’ai pas vraiment réussis à l’effacer de ma mémoire, de mes tripes, de mon cœur et de mon âme. J’ai prié pourtant et pas que Dieu croyez moi, mais ils ne m’ont pas écouté, après tout ils devaient se dire que je le méritais. Au départ j’ai réussi me concentrant sur d’autres hommes, plus mur, sur des bouteilles d’alcool de plus en plus fort, sur des soirées de plus en plus crash…. enfin j’ai essayé de m’en foutre mais ça n’a pas marché. Et puis j’ai craqué, une sorte de curiosité mal saine, qui me fournit une adrénaline supplémentaire. J’ai besoin de le voir. Oh !!!  Pas longtemps, juste le temps qu’il sorte de chez lui et traverse la route. Ou alors qu’il passe par la boulangerie, parfois je le suis jusqu‘à son lieu de travail, mais je reste toujours discrète. Il ne doit pas me voir, sinon j’ignore comment il le prendrait. Jusqu’à présent j’ai toujours réussi à passer inaperçu à ses yeux, parfois cela me fait un peu de peine. Si seulement il me voyait, juste une fois si nos yeux se croisaient. Non cela me ferait trop de mal, et à lui, à Robin, cela lui ferait quoi ? Je me livre donc à un jeu de cache-cache avec lui, il est certain soir aux bras d’une fille. Moi qui n’ai échangé avec lui qu’un baiser, je me doute de ce qu’il lui donne une fois seul avec elle. Après tout je me donne aussi. N’allez pas croire que je suis amoureuse, non, enfin je l’ignore. Je sais que parfois cela me fais mal de le voir, parfois cela me rends folle et me mets en colère, parfois je voudrais lui sauter dans les bras. Bordel Robin qu’as-tu fais de moi ? Ou plutôt qu’ai-je fais en jouant avec toi, alors que tu avais confiance ? Alors quand certaines choses prennent le dessus, je fuis, je le fuis et je vais me réfugier dans les bras de produits qui me détruisent autant le corps que l’esprit. Mais je reviens le guetter, espérant inconsciemment qu’il me repère et même si c’est pour déverser sa colère, tant pis. Mais six ans après peut-il encore m’en vouloir ? Peut-il me pardonner ? Peut-on essayer de partir sur une autre base ? Après six ans peut-il rester dans le cœur de Robin un résidu de sentiments pour la garce qui l’a humiliée, bafouée ? Et cette garce c’est moi. Toujours autant sensible, toujours autant arrogante, toujours autant prête à écraser celui qui ne succombe pas. Seulement c’est le seul qui a su laisser sa trace dans mon cœur même si je ne m’en suis pas rendue compte de suite. Mais le voilà qui sort de chez lui, mes yeux ne peuvent s’empêcher de glisser le long de sa silhouette, un frisson envahi mon corps. Je voudrais voir ses yeux mais son regard est fuyant. Je voudrais crier son prénom mais je reste là sans bouger. Je voudrais mais aurais-je le courage de l’affronter …..

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Et surtout, bon jeu parmi nous !