l'odeur de l'alcool s'évade de ses lèvres alors qu'à sa chair, une pauvre idiote se pend. naeem sourit, un peu légèrement, un peu trop surement.
il tourne les yeux vers elle, la dévisage attentivement. les yeux, ils se perdent entre ses seins, oublient le prénom.
le connait-il, au moins ? non, ou alors oui. peut-être sally, ou quelque chose du genre. peut-être, qu'importe.
naeem lui sourit, caresse sa joue. il avance avec elle, prévoit déjà la nuit. elle vit tout près.
elle miaule, un peu comme un chat. naeem, il sourit un peu plus, face à ça.
c'est con quand même, les femmes. pas juste les femmes, enfin, mais les gens, en général.
ce besoin constant d'attention, de satisfaction. suffit de tendre le bras, croiser un regard, et le tour est joué.
naeem sourit un peu, détourne ses yeux.
et puis, il voit. il le voit.
il ne voulait pas, le voir ( ou alors, oui. )
les lèvres se pincent, un murmure s'évade. « sandy » la petite à son bras, elle réplique un peu brusquement. « non, sophie. » naeem lui jette un regard, sourcils froncés. le bras, rapidement, en vient à se dégager.
il s'éloigne, se sauve, et puis suit sandy qui, là-bas, s'est sauvé. sandy qui est rentré par infaction, pour se baigner.
la petite hurle, fait l'indignée, la gamine, mais il n'y porte pas attention. il suit sandy, simplement.
le pas est lent, bien évidement. un peu lent, pour ne pas attirer son attention. il reste dans l'ombre, fronce des sourcils.
détourne les yeux ( ou pas ) lorsqu'il se met à nu.
naeem, il dévisage, observe.
une minute. deux minutes. trois minutes.
un pas. deux pas, trop de pas.
il apparaît, lentement. « tu nages vraiment comme une merde. j'avais oublié qu'tu faisais l'p'tit chien dans l'eau. » c'est pas vrai, mais qu'importe. naeem dévisage sa peau, a presque la rage, à ne pas y voir ses marques. les hématomes de ses poings. il sourit un peu, sèchement, et vient se poser sur le bord de la piscine, les jambes noyées. « t'étais bien parti pour t'noyer. dis moi si tu l'fais, j'filmerais pour youtube. ça passerait p'être même aux nouvelles. » sourire, encore. connard, va. connard, crache, c'est ça.

Il sourit un peu plus, le pauvre connard. Il peut pas s'en empêcher, non, c'est plus fort que lui. Une sale grimace, une lueur noire, mais qui brille pourtant, dans ses yeux salaces. Il est tellement fier de sa connerie, Naeem. Il est tellement pris dans sa merde, dans ses pensées à la con. Alors, il tient bon. Il voit pas, de toute manière. Il voit que ce qu'il a devant.
Et ça, ça le fait rire, sourire, putain. Comme le grand con qu'il peut être.
Ça tourne pas rond, dans sa tête. Y'a un engrenage en moins, ou alors, une autre bétise du genre.
C'est toujours, oui. Toujours comme ça.
Il fixe, alors. De ses paupières sombres, il fixe Sandy qui s'avance, essaie de ne rien y voir. Il suit, simplement, sans un mot, armé de son sourire arrogant. C'est comme ça, simplement. Peut-être qu'il attend quelque chose, un moment passé, les coups peut-être espérés, mais qu'importe. Il ne dit rien, ne demande rien.
Naeem, il a trop d'orgueil. Et puis aussi, il ne sait pas parler. Il a jamais essayé ; ça il le sait. C'est tout ; il le sait, simplement. Les mots, il les écrit, et encore. « j'vois que t'es toujours aussi intelligent qu'avant. » Naeem, il sourit un peu plus. Comme un con. Parce qu'il aime son arrogance, il aime sa violence. Un rire gras pourrait s'perdre de ses lèvres, s'il ne plongeait pas dans l'eau comme ça, brusquement. Parce qu'il en jouit, de ça. Parce que ça lui a manqué, tout ça.
L'impulsivité, les mouvements qu'il ne prévoit pas, ne voit pas.
Sandy, comme ça.
C'est un peu con et on pourrait croire, oui, sur le coup, qu'il en vient à confondre bonheur et malheur. Qui serait heureux, après tout, d'avoir la tête sous l'eau, les poumons inondés et la vie en danger ? Pourtant, le coeur palpite à pleine puissance. La violence a manqué, comme la démence. La folie vicieuse se glisse et danse, les enroule et ne les lâche pas. Elle les lie, ne les éloigne pas. C'est une corde dont le contour est armé d'une lame aiguisée, maltraitant leur peau et leur tirant des sourires.
L'eau manque et il se débat. Naeem se débat el temps d'un instant. Peut-être fait-il semblant ou alors, la curiosité le pousse à voir, savoir jusqu'au Sandy ira. « TU CROIS QUE CA PASSERAIT AUX NOUVELLES HEIN ? » Et il va loin, Sandy. Loin, avec sa folie, sa démence, sa décadence.
Naeem voit les barrières tombées, une libertée se dessiner. Celle de faire n'importe quoi, de ne pas voir de conséquence. De tout faire, sans barrière, avec Sandy.
Il n'y a pas de limite, et c'est bien ça, leur folie. Ils n'ont pas de limite.
Il voit, là. Au travers des bulles et de l'agitation, il voit. Le poing, malgré la pression de l'eau, va s'écraser contre son entrejambe tandis que les jambes essaient de lui faire perdre pied, le temps d'un instant. Assez de moments, de secondes pour que, d'un mouvement vif, il en vienne à s'éloigner, respirer. Le souffle est cassé et se transforme en rire trop fort, trop portant, alors qu'il refait enfin surface. Naeem, il a le rire joyeux. Si près de la violence, de la mort, il rit de la démence. Et puis, le regard se fait noir. « putain d'enfoiré. » les mots sont crachés, et le voilà à son tour, essayant de le noyer. Il le pousse assez fort pour son dos percute la facade de la piscine, le rebord. Il imagine le bleu, l'hématome, ou l'espère du moins, contre son dos demain matin. « aller, vas y. aller p'tain fou, essaie de m'tuer. » Il rit encore, glisse ses doigts contre lui, serre sa nuque brusquement, écrase la pomme d'adam. Naeem, il l'observe dans les yeux, le corps près du sien et son souffle retenu par ses doigts. Il l'observe, tenant un bout de sa vie, entre ses doigts. Ayant le contrôle, comme il le croit. Il aime sentir la pomme d'adam qui s'agite sous ses doigts, imaginer une marque se dessiner, le lendemain. « on p'ssra aux nouvelles ensemble, ça t'va ? tiens mon cou, j'tiens l'tien. un truc ensemble, comme au bon vieux temps. les gens croiront des conneries. » Des conneries comme il a entendu, souvent. Des conneries à propos d'eux, de leur manière d'être. Naeem, il fronce des sourcils, juste à y penser. Il fronce des sourcils, la colère frappante, et le lâche de ses doigts, brusquement. Dans la piscine, il s'éloigne lentement, lui faisant face.

Les yeux ne se quittent pas. Il fixe, Naeem. Il fixe et il sent la tempête qui grandit, l'eau qui claque. Il se sent coulé, s'éloigner, se noyer dans quelque chose de bien plus grand, de bien plus énorme que cette foutue piscine à la con. Pourtant, il ne détourne pas les yeux.
Non, impossible de détourner les yeux. Il y a un aimant, une rage trop présente pour qu'il soit capable de faire quelque chose de la sorte. Il ne parle pas, ne fait que l'observer, dévisager ses traits, ses yeux plissés et la noirceur qui s'y trouve. Il ne fait que fixer les tâches rousses qui se dessinent contre la peau, ne baisse pas les yeux, non, pour dévisager plus bas.
Naeem, il ne veut pas voir plus bas. Son visage lui suffit.
C'est ce qu'il se dit, en tous cas. Et il s'y accroche. ce connard. Oh oui, il s'y accroche bien fort. La colère, elle monte. Elle bouille dans ses veines, comme de la lave, et les pensées sont poisons. Les pensées qu'il essaie d'effacer, qu'il ne parvient pas à comprendre, il les prend et les froisses, les fout à sa gorge et les crache, brusquement. C'est comme ça.
Ça a toujours, oui, été comme ça.
Et il sourit, ce pauvre con. Il sourit, à le voir, le dévisager. À entendre son souffle saccadé et savoir que, tout ça, c'est à cause de lui. Le sourire grandit, semblable à celui d'un prédateur. Putain, pauvre con. Il est si con, Naeem, quand il s'y met. Et la connerie, elle grandit pour couvrir le reste, pour couvrir le tout, pour que l'on ne voit rien d'autre.
Alors avec Sandy, c'est toujours gigantesque, énorme.
Toujours, oui, toujours trop grand. « j'ai pas envie de te tuer. je veux que tu partes, que tu reviennes plus me voir. t'entends ?! » Et il rit. Il rit, de son rire de hyène. Il croit pas, non, à ses mots. C'est toujours de la merde, de toute manière. Ce qu'ils disent, c'est toujours de la merde. Certains lancent des mots doux, et eux, c'est des crachats, des insultes. Chacun son truc, c'est à croire.
Le rire, il se casse brusquement. Il se casse brusquement, un peu comme sa gueule, quand on se prend le poing violemment. Naeem mord sa lèvre au passage, sent déjà un peu de sang - ou alors, de l'eau - qui coule le long de sa tempe. Et il rit, de nouveau. Il rit, comme un idiot, parce qu'il aime.
Parce que, con comme il est, les coups, ça lui a manqué.
C'est un peu comme un rappel, oui, d'la dernière fois. Comme si le temps passé, il voulait rien dire. Le temps, il change rien, de toute manière. C'est eux, c'est là, c'est tout. Ils pourraient passer vingt ans sans se parler qu'ils se diraient bonjour d'une bonne droite.
Le sourire grandit, en voyant ses marques. Il sourit, un peu plus grand. Toujours oui, plus grand. Elles sont belles, les marques. On dirait un dessin, un peu comme ceux qu'on peut voir, chez les psy. « t'es même pas foutu d'aller jusqu'au bout. » Naeem, il sourit.
Il sourit, oui, fier de son oeuvre. Il aime ça, les trucs incomplets.
C'est beau, les blessures qui restent, contre la peau de Sandy. Et pourtant, il fronce des sourcils, en même temps. Il aime pas, non, la bétise qu'il cache. La connerie qu'il crache. Et pour ça, il a envie, oui. Il a envie, encore, de passer ses doigts autour de son tour, et de serrer bien fort.
Sandy, il hurle la rage. Il sent la rage, il pisse la rage, il vit la rage. Alors il frappe. Il massacre sa peau, là, comme ça, dans l'eau. Ce qu'ils doivent avoir l'air con. Pourtant, Naeem réplique. Eux, c'est comme ça, oui, depuis toujours, qu'ils communiquent. Le coup s'envole dans les côtes, qu'importe la lenteur du coup. Il massacre, essaie du moins, coupe son souffle. « aller aller, continue. j'sens rien. j'sens rien, t'entends !? » Le souffle est coupé, par le coup, par l'effort. Naeem, il trouve la force, oui, de rire encore. Et il frappe. Il frappe et sournois, sans fois, il glisse ses doigts dans ses cheveux, les tire, lui enfouit sa gueule dans la flotte, avant de lui balancer un autre coup, dans le ventre.
Et puis encore, il le lâche brusquement. Il tire les cheveux un peu vivement, le laisse respirer et l'observer, dévorant, crachant ses yeux au fond des siens. « j'veux pas aller jusqu'au bout, tête de gland. j'en ai rien à foutre, de ta mort. c'est de la petite merde, t'entends ? pas un truc qui m'intéresse. » Naeem sourit, l'observe et se perd dans ses yeux, un moment. Il voit ses yeux, y lit des choses, en aime pas la plupart, et le lâche brusquement. Dans l'eau, il crache son mépris, et passe ses doigts dans ses cheveux. Le regard est haineux, le rire est ailleurs. « j'resterais juste parce que tu l'veux pas. j'resterais juste pour te faire chier. »

Naeem, il le fixe. Il le fixe de ses yeux noirs, incapable pourtant, de voir tout ce qu'il y a à voir. Il le fixe les yeux grands, le rire aux lèvres qui se tait pourtant, lentement et surement. Il le fixe, oui, un peu plus calme, soudainement. Les rires sont finis, un peu comme les coups. Les lèvres se pincent et il y passe sa langue, avant de sentir les battements de son coeur se calme. Il devient calme.
Si calme que, au final, il n'entend plus rien. Que l'eau qui danse, contre leur peau. Que l'eau qui danse, lentement et surement.
Et Sandy. Sandy, juste là. Sandy qui le fixe, les yeux quand même ouverts, l'eau plein la tête, plein les cheveux, un peu dans les yeux, aussi.
Un instant, un moment, Naeem, il détourne les yeux. Ça se voit à peine, juste légèrement. Il est plus doué avec les coups et les cris, tu vois. Les silences, c'est pas son genre. Très loin, même, d'être son genre.
Il est nul,en fait.
« okay bah, reste. je m'en fous. à partir de maintenant, t'existes plus. je suis seul. seul à la piscine. » Naeem, il rit. Il est doué pour ça, rire. « ouais, c'est ça. » Il le trouve bête, Sandy.
Il se dit, oui, qu'il est incapable en fait. Incapable de l'éviter, de l'ignorer. Ça se fait pas. Suffit de voir les cris, les coups, les marques. Il est gravé là, Naeem.
On ne l'ignore pas. Surtout pas Sandy, oui. Surtout pas Sandy.
Et pourtant, le voilà qui se détourne, simplement. Le voilà se détournant, quittant l'eau, allant ailleurs.
Les yeux se détournent. Naeem grogne, frappe un coup dans l'eau, ne parle pas. Il ne l'observe pas, pour ne pas voir, pour ne pas dévisager, comme ça, brusquement. Sandy, il est nu, après tout. Nu, et marqué. Marqué un peu, par ses doigts, par ci et par là.
Et puis, les secondes s'écoulent. Les secondes, les minutes, les instants. Naeem, il roule un peu dans l'eau, retire son t-shirt, son jeans trop serré. Toujours, les yeux se tournent vers Sandy.
Une minute, à peine. Le temps de retirer ses vêtements, et le voilà sortant de l'eau. « sandy. sandy sandy sandy sandy sandy » Et il continue. Armé de murmures, de tons plus haut, Naeem continue, s'approche. Il tourne d'un pas lent autour de la piscine, lui sourit, fronce des sourcils à voir qu'il a les yeux fermés, planche flottante, et qu'il ne l'observe pas. Ça le met en colère, tout ça. « je suis là. » Le ton est brusque. Sandy n'ouvre pas les yeux, pourtant. « sandy, j'suis là. » Il hurle, presque. Il hurle, enragé. Il a le sang qui fait lave, dans ses veines. « JE SUIS LÀ, MERDE. » On dirait un lion en cage, un lion en rage. Naeem, il le dévisage, et puis brusquement, il saute dans l'eau. Il saute dans l'eau, le vise directement. Et ils s'enfoncent, à deux. Ils s'enfoncent sous l'eau à l'écart de l'air pendant un instant, avant de refaire surface. Naeem, il le tient bien en place, le retient par les épaules, un peu trop fermement. Il a envie de le fracasser et les doigts s'enfoncent, dans sa peau. « je suis là, p'tain d'idiot ! » Et à la rage, un peu, à peine, on entend le doute. La peur minime, pas trop présente. Juste là. Et les doigts, ils s'enfoncent dans la chair, la marquent certainement.

Il est fier, cet idiot. Il est fier de son coup. De sentir Sandy, de le voir là, face à lui. Les yeux ouverts, même si au fond, il ne l'observe pas encore. Il est là, et il le voit. Il doit le sentir, vu la pression de ses doigts. Il le sentira même plus fort, à cause des marques. On peut pas, non, oublier comme ça. Il peut pas, non, l'oublier comme ça. C'est impossible, tout simplement. Impossible oui, carrément.
Naeem, il a un début de rire, un semblant de sourire. Quelque chose d'enfant et de grand, quelque chose qu'on voit, clairement. Il sourit comme un idiot, juste à capter son regard. On pourrait presque dire que c'est doux, tu vois. On pourrait presque dire qu'il est calme. Qu'il vient du coeur, une connerie du genre. Mais non. Voilà, non, tout simplement. Parce que y'a Sandy, qui change la donne. Sandy, qui donne pas ce qu'il faut. Sandy qui, comme ça, un peu brusquement, pour rien, sort quelque chose comme ça. « pardon ? » Naeem, il fronce des sourcils.
Le sourire reste, mais commence à s'effacer, doucement.
Il comprend pas. De quoi, pardon ? Sandy, il continue sa connerie, forcément. « je crois que vous faîtes une erreur, m'sieur. » Quoi ? Naeem, il a perdu son sourire, maintenant. Il sait pas, non, si c'est de la colère ou de la peine, tout au fond. Il est un peu paumé, face à ça. Un peu paumé, face à ses mots. Face à l'absence de tout aussi, dans ses yeux.
C'est pour ça, oui, qu'il le laisse faire. Qu'il rage pas, ne riposte pas, quand il retire ses doigts. Naeem, il est un peu paumé, perdu, ailleurs. « c'quoi c'te connerie ? » C'est un murmure, contre ses lèvres. Les questions, par milier.
Il a quoi, cet idiot ? Naeem, il l'a pas frappé si fort, quand même. Sa tête, il l'a même pas touché, en plus.
La colère est là, trop grande, trop lourde. Elle sort pas, sur le coup. Le choc est encore trop présent. « je sais pas qui vous cherchez mais je doute qu'il soit ici vu l'heure. » Putain. Il serre les dents, les poings. Naeem, il bouille en dedans. C'est de la lave, pas du sang.
Et il ose sourire, en plus. Il ose sourire, comme ça, simplement. Un sourire presque parfait, comme il fait aux idiotes et aux idiots aussi, certainement.
« désolé. » Sandy, il est loin. Il sonne loin, ailleurs. Naeem, il sait pas, sur le coup, quoi faire. C'est jamais arrivé en fait, un truc comme ça. C'est jamais arrivé encore, un silence et l'ignorance. C'est toujours, oui, toujours les coups et les cris.
Alors Naeem, il va avec les coups et les cris. « T'ES LÀ, OKAY. » La voix tremble. Même lui, il l'entend, Il l'entend et ça le fait rire, de se savoir comme ça. De se savoir comme ça, paumé. Les yeux, ils brillent. C'est le reflet de l'eau, certainement. Ou alors, autre chose.
La rage est si forte qu'il se tourne brusquement, envoie son poing valser, cogner brusquement. Il sent la douleur trop forte, alors que ses phalanges épousent le béton qui entoure la piscine. « bordel de MERDE » Naeem, il ramène son poing contre lui, essaie de se calmer. La douleur est forte, couvre un peu la rage, en dedans. Ses yeux, lentement, se tournent vers Sandy. Sandy qui l'observe, encore. « sors moi pas des putains de connerie à la con. t'es là, devant moi. t'es là, merde. j'te vois. j'vois même ta bite à la con et la forêt radioactive qui l'entoure. » Pour voir, il voit. Il voit ce qu'il ne veut pas voir ( ce qu'il ne s'avoue pas vouloir )

Un rire. Un rire, pas n'importe lequel. Le rire de Sandy, qui claque. Ça fait longtemps.
Ça fait longtemps, oui, qu'il l'a pas entendu, comme ça. La surprise est là, dans ses yeux. Il oublie un peu, à peine et pas longtemps, la douleur qui la traverse. Il oublie et fronce des sourcils, l'observe légèrement.
Naeem, il a le regard un peu fuyant. La douleur claque contre sa main, un peu comme un écho, et il serre des dents, encore. L'animal se calme. Le lion a tourné encore et encore, dans sa cage, et puis finalement, il s'est fait mal. Bien fait pour lui, qu'on dira. Bien fait pour lui, qu'on répétera.
La bête se tait, blessée, et observe. Naeem, il fronce des sourcils, la fureur dans les yeux, lorsque Sandy, il s'accroche. Il a un mouvement de recul, bref mais visible. Il en a marre. Marre de tout ca. C'est des merdes, oui. Du bordel considérable. Sandy, il va sortir quoi encore, comme connerie ?
Naeem, il ne le lâche pas des yeux. Il le dévisage, la colère qui gronde sous la douleur. Le corps braqué, il s'attend à un coup, à n'importe quoi. On sait jamais, après tout. Avec eux d'eux, on sait jamais, oui.
Un tressaut important traverse son corps, quand il l'effleure de ses doigts. Il le dévisage. Naeem, il ne comprend pas. Sandy, il a envie de faire sa tapette, d'être gentil ? C'est de la merde, oui, tout ça. Que de la merde, oui.
Au fond, il a envie d'hurler fort et de lui dire de dégager, de plus le toucher. De lui foutre la paix, qu'il aura son silence à la con, sa non-existence. Pourtant, il se tait. Il se tait car au final, de ça, il en a pas envie. Il en a pas envie, non, d'être oublié. « c'est bon, arrête. » Il montre les dents, comme un animal. Il est blessé, paumé, mais surtout épuisé, désespéré. « tu devrais te calmer maintenant. tu te fais plus mal qu'autre chose, on dirait un débile. » D'un mouvement, il essaie de se dégager, de se reculer. Il n'est pas con, oui. C'est Sandy, le con. C'est Sandy qui a fait son numéro débile, qu'il l'a ignoré comme ça, alors qu'il déteste ça. « sors de la piscine maintenant, faut voir tu t'es p't'être pété un truc. » Grognement, encore. Naeem, il est doué pour faire le gamin. Pour faire la gueule, oui, pour dire.
Et pourtant, il a beau faire du bruit, faire des airs, il se laisse faire. Il ne dit rien, quand Sandy s'approche, observe sa main. Il se tait, oui. « ça a l'air d'aller, tu gueules pour rien. » Naeem lui lance un regard noir, et puis. « taffiole. » et puis, il éclate.
Il éclate comme ça, brusquement, comme un ouragan. Y'a des choses qui font pas dire. Des mots qu'il faut pas prononcer.
Il envoie un coup, brusquement. Quelque chose de perdu, d'égaré, de désespéré. Un mouvement un peu trop con qui fait que danser au travers du vide, au final. Il envoie un coup, comme ça, avant de s'éloigner, comme blessé. « va te faire foutre, oui. » Il est blessé. Il est enragé. Il est pas pd, lui. « j'suis pas une putain d'taffiole, okay ? » Il grogne, la voix serrée. Naeem s'éloigne, s'assoit sur le bord de la piscine. Les pieds touchent l'eau, et il passe une main dans ses cheveux , les ramène vers l'arrière. Et puis, il observe la main. « t'veux que j'te fasse la même chose ? tu verras qu'ça fait mal, oui. » Pauvre enfant. Les mots pourraient être agressifs et pourtant, le ton est simple, las. Il est bas. Un peu comme un enfant qui fait la gueule, pour quelque chose qui ne compte pas. « t'es vraiment con d'avoir fait ça. » De l'avoir ignoré.

Il commence à se calmer (enfin).
Son ridicule coup dans l'eau, ça veut rien dire. Le poing m'effleure à peine. Je sais que si Naeem avait voulu me faire mal.
Réellement mal, il l'aurait fait.
C'est comme ça, il se gêne pas.
Je pose ma main contre mon ventre encore douloureux et le regarde. J'ajoute rien, parce qu'il est en train de bouillir, là, en dedans. Ca se voit, il est nul pour contenir ses sentiments. Si j'allume un briquet, je suis sûr qu'on explose tous les deux. Et le bâtiment avec.
« va te faire foutre, oui. »
J'ai envie de lui répondre une phrase provocatrice mais je le fais pas. Je me contiens, pour pas envenimer les choses. On a assez fait les cons comme ça et puis j'aime pas le savoir en colère contre moi. Je commence déjà à culpabiliser pour mes coups et pour sa main.
« j'suis pas une putain d'taffiole, okay ? »
Je le regarde quitter le bassin et s'installer. Non, c'est pas une taffiole, juste un homophobe. Mais à choisir ...
« t'veux que j'te fasse la même chose ? tu verras qu'ça fait mal, oui. »
Je souris à le voir réagir comme un bébé. J'ai l'impression de retomber quelques années en arrière, quand il était pas encore trop méchant, mais juste assez pour qu'on se foute sur la gueule. C'était pas de vraies bagarres, on saignait pas, on avait juste quelques bleus.
« t'es vraiment con d'avoir fait ça. »
C'est vrai que c'est con, que j'aurais pas du mais je sais jamais comment réagir dans ce genre de situation. C'est un peu comme quand on tombe face à un gars qui fait une crise cardiaque. On sait pas quoi faire alors on réagit mal. C'est un peu pareil avec lui.
Sauf que là, c'est de ses nerfs qu'il s'agit.
Alors, je nage jusqu'à lui et écarte ses jambes pour me mettre entre elles. Je sors la tête de l'eau un peu comme une sirène.
Ça marche bien, en plus, je suis roux.
« et toi t'es encore plus con à venir me faire chier dans une piscine. » Mes mains se posent sur ses cuisses alors que je relève les yeux pour le fixer, sourire aux lèvres. « arrête de faire la gueule. le rôle est censé me revenir, tu sais ? » Je lève une main pour lui mettre une légère claque et l'obliger à arrêter ses conneries.
« arrête de faire la gueule, j'aime pas ça. »
Le ton change, il est plus dur, plus perturbé. C'est vrai, j'aime pas ça. Je pourrais lui casser la figure pour qu'il arrête. Il sait comme ça me fout mal à chaque fois que quelqu'un m'en veut. Je me redresse tant bien que mal en prenant appuie sur ses jambes et relève mon visage jusqu'au sien. J'ai les pieds qui battent lentement dans l'eau.
« j'suis content de te retrouver. » Mon torse se colle au sien et mon coeur rate un battement.
C'est pas de la comédie, je suis sincèrement heureux de l'aimer comme ça. Je suis fier de notre lien.
« c'était vide sans toi. » et par manque de force, je me laisse retomber dans l'eau.
C'était vide sans toi, il fallait le dire. Sans ça, j'aurais fini par couler au fond de la piscine tellement que les mots étaient lourds.

Le souffle, il est saccagé, un peu brisé, surtout paumé. Naeem, il essaie de se calmer, là, sans réellement y arriver. Y'a pire, parfois, que la colère. C'est là, pourtant, que toujours il se perd. Il aime s'y perdre pour ne pas penser, pour avoir la tête vidée et ne pas trop délirer. Il aime s'y perdre pour ne pas rester concentré, pour ne pas voir, sentir, toucher.
La colère, à l'instant, n'aide pas tout simplement. Elle est écrasée, incapable de respirer. La peine, au dessus, l'empêche de respirer. Il est là, un peu trop paumé, les sourcils froncés et le coeur serré. Un peu trop, oui, emporté. Les sentiments, c'est pas son fort. Les sentiments, il sait pas les gérer, les accepter. La colère, c'est la seule, oui, qui passe sans chouiner, un peu comme le plaisir sans pensées.
Le bordel, c'est qu'un bordel. Un bordel un peu trop grand, un peu trop béant, avec lequel il n'a rien à faire. Un bordel qui mêle tout en dedans. La colère, elle s'éveille, face à ça. La colère, elle s'éveille souvent, quand Sandy est là.
La colère, elle prend le dessus, simplement. Parce que, dans un sens, le reste, il comprend pas.
Naeem, il se cache dans sa zone de confort, alors. Dans les cris, les conneries, les coups et les ennuis. Il y reste, pour ne pas penser, comprendre, capter. Il s'y perd, pour se noyer avant de pouvoir clairement respirer la vérité, la fatalité.
Les lèvres se pincent et les sourcils restent un peu froncés, le corps braqué, alors que Sandy, il commence à s'approcher. Il a envie, oui, de lui dire de reculer, de ne pas venir, de ne pas s'approcher. Pourtant, les mots restent pris, comme les cris.
Naeem, il l'observe, sans bouger.
Les sourcils, ils se froncent un peu plus, alors qu'il le voit là, écartant ses jambes pour s'approcher. Il a envie de les serrer, de les coller de nouveau et de lui dire de dégager, de pas le toucher, de s'éloigner.
Naeem, il reste silencieux, pourtant. Incapable de parler, simplement d'observer.
Et peut-être, oui, un peu, de trembler.
Les lèvres se pincent, les yeux lancent des éclairs. « et toi t'es encore plus con à venir me faire chier dans une piscine. » Il a envie de grogner, d'éclater comme un volcan. Les mains de Sandy se posent contre ses cuisses, et il sent une tension, des picottements.
C'est dérangeant, et pourtant.
Et pourtant, oui. Naeem le dévisage. « arrête de faire la gueule. le rôle est censé me revenir, tu sais ? » La claque contre la joue le ramène un peu à lui. Naeem expire brusquement par les narines, un peu comme une bête. C'est comment il se sent, après tout. Comme une bête en cage. Incapable, impossible de faire le moindre mouvement. « arrête de faire la gueule, j'aime pas ça. » Naeem soupire et lève les yeux au ciel. Il essaie, oui. Il essaie ce con, un peu aveuglément, de calmer le démon.
Sandy, lui, il continue de faire le con. Il se redresse comme ça, en appui sur lui, pour arriver à sa hauteur. Naeem, il a envie d'hurler, de le repousser. « t'fous quoi ça ? » Il grogne, tout bas. À l'aise, ou pas du tout. « j'suis content de te retrouver. » Ça fait chaud au coeur, les mots. Ça fait chaud au corps, le torse. Naeem le dévisage, hoche de la tête, simplement. « c'était vide sans toi. » Ça frappe au coeur, ça libère le corps. Naeem, il inspire enfin, quand Sandy s'éloigne, se laisse tomber. Il est toujours là, pourtant. Il bouge pas, ce foutu con.
Ce foutu con à poil qui ose se foutre entre ses jambes. Naeem, il ose pas penser, se demander, s'il l'a senti. Si c'était vraiment ça, si c'était vraiment sa bite, là, proche de sa cuisse.
La mâchoire se bloque. « ouais, sans toi aussi. » C'est bas, un murmure à ne pas entendre. Sandy doit le capter, pourtant. Tant mieux ; il est le seul qui doit l'entendre, après tout. Naeem, il le dévisage. L'observe, là, dans l'eau. L'observer, avant de se laisser glisser à son tour. Un peu trop brusquement, un peu trop vivement. Y'a une vague, de l'eau qui danse, les torses qui se rencontrent, encore.
Naeem, il renifle, passe ses doigts dans ses cheveux.
Il ne louche pas ( ou si ) vers ses lèvres, un instant. Il ne dévisage pas ( ou si ) ses traits. Ça dure un moment, un instant, un éternité peut-être, qui sait. À eux de décider.
Ça lui prend comme ça, un peu vivement. Les bras qui passent autour de lui, la force qui le serre, contre son torse. La puissance des poings, sur le coup, elle le tient contre lui. « t'm'as manqué, sale carotte. » Il rit un peu, éloigne son visage, l'observe un moment. Les yeux, ils louchent vers les lèvres ( oui, clairement ). Naeem, il fronce des sourcils. « on fait bien pd là, t'es à poil en plus. » Espiègle, salaud. Il envoie sa main vers le bas et tripote un instant, un peu comme avec un jouet pour cabot. Les doigts, ils se retirent rapidement. Il rit, sort des conneries. Naeem lui balance une tape sur le torse, amical un peu bancal, avant d'le lâcher, de s'éloigner. Il observe, autour. Sourcils froncés, il espère que personne n'a observé. Faudrait pas, non plus, qu'on le croit pd.

Je peux prédire ses réactions une heure à l'avance. Et même des années.
Naeem, c'est mon meilleur ami. Mon double. Mon petit-frère. Ma démence.
(Je le connais comme si je l'avais fait.)
C'est pour ça que je le regarde avec autant d'hésitation. Je viens de le toucher d'un peu trop près. Je viens de lui dire un je t'aime masqué. Il aime pas ça, il risque de se mettre en colère ou de bien le prendre mal.
Mais vu la situation, je sais qu'il ne m'en voudra pas.
J'ai senti en me collant à lui, ventre contre ventre, torse contre torse, son corps qui frémissait. Il a paniqué, Naeem de me voir l'ignorer alors, il prendra ça comme un pardon.
La preuve, je le vois déjà retourner dans la piscine pour me rejoindre. Il a même oublié la douleur contre sa main.
Au moins, ça prouve qu'il faisait la comédie mais là, j'ai pas envie de lui dire.
Je veux juste me réconcilier avec lui et recommencer comme avant.
Comme si les deux mois n'avaient jamais existé.
Tu te souviens de hier Sandy ?
Oh bah oui, j'ai frappé Naeem et il s'est barré.
Heureusement, je l'ai vu revenir à la piscine municipale. On s'est foutu sur la gueule, encore mais c'était plus rassurant qu'autre chose.
Et toi, ça va ?
Je souris quand il me prend dans ses bras. Moi aussi je retrouve mon vieux frère.
« t'm'as manqué, sale carotte. »
C'est bien lui, c'est pas une illusion ou un robot (tu sais comme dans les films). Je sens son regard sur mes lèvres mais je n'y fais pas attention. Je le cache, dans un petit tiroir secret. Celui qui ne s'ouvre qu'aux grandes occasions.
« on fait bien pd là, t'es à poil en plus. »
A poil ? ah oui c'est vrai. Je l'avais oublié mais heureusement, Naeem est là pour me le rappeler. Sauf que là, il y va un peu fort. Je sens ses doigts à un endroit où il faut pas. Celui que je réserve aux filles et aux garçons qui me plaisent.
C'est pas qu'il me plaît pas, Naeem, mais c'est mon ami. On touche pas ses amis, pas de cette façon là. Alors, je le repousse un peu, brusque.
« ça va pas ou quoi ? y a des limites à notre amitié. » J'ajoute un rire, pour pas qu'il se sente agressé. Pourtant, d'un côté, c'est ce que je veux : l'agresser. « bon, tu viens ? on se casse d'ici. je vais devenir une éponge sinon. » je l'ignore un peu, je regarde ailleurs et quitte la piscine pour commencer à enfiler mes vêtements recouverts de craie. C'est dur de s'habiller quand la peau est mouillé. Les tissus se froissent et je m'énerve dessus, tout seul. « t'as prévu de faire quoi pour le reste de la nuit ? »

Il fronce des sourcils, Naeem. Il fronce des sourcils, un peu beaucoup, face au geste. Il est un peu brusque, un peu vif. C'est Sandy, comme ça, qui le repousse.
Pourtant, Naeem, il s'est reculé. Il voulait pas, non, rester coller. Mais se faire repousser, il est pas du genre à apprécier.
Les sourcils, alors, les voilà froncé. Naeem le dévisage un peu, un peu blessé, un peu agressé, avant de soupirer. Il a envie de hurler.
Il est doué, après tout, pour hurler. Pour un oui, pour un non, mais surtout pour un truc con.
« ça va pas ou quoi ? y a des limites à notre amitié. » Il grogne, comme un animal. Il l'a fait pourtant, vingt milles fois, ce geste là. Avec lui, avec un autre. Les vêtements en plus, oui, mais à quoi bon ?
Ils sont potes, non ? Ils sont potes, alors ça gêne pas. C'est pas sexuel, ou quoique ce soit. C'est qu'un geste un peu con, fait pas un con.
Du moins, c'est ce qu'il croit, Naeem. C'est ce qu'il aime croire, ouais. Avant, il l'aurait pas tripoté comme ça, nu.
Soupir, entre ses lèvres. Il rage en dedans, contre lui-même. Se cherche des explications, n'en trouve pas vraiment. Qu'importe. On s'en fiche, non, de tout ça ? Naeem, alors, il rit un peu avec lui.
Le rire est faux, mais ça, on en a rien à foutre.
Les yeux se tournent vers Sandy. Sandy, encore là, nu. Sandy, toujours là, même les yeux fermés, des mètres entre eux deux et un monde tout entier. C'est dur à croire, pendant un instant, qu'il est assez lâche pour revenir comme ça, simplement. « bon, tu viens ? on se casse d'ici. je vais devenir une éponge sinon. » Naeem, il lui lance un sourire amusé. Il le dévisage un peu, de la tête aux pieds. « Les éponges sont jaunes, pas oranges. ça va, t'es sauf. » Les yeux se plissent, Sandy ne rit pas.
Il ne rit pas, n'observe pas. Il s'éloigne, simplement. Naeem, il serre des poings, tremble un peu.
Encore, les cris restent là, au creux de la gorge.
On dirait un volcan, une tornade, une tempête. Il veut l'attention, la sienne simplement.
Ça finit en soupire, pourtant. En soupire et en coup de doigts rapide, dans les cheveux. Naeem, il quitte l'eau à son tour, prend ses vêtements abonnés, mais ne les enfile pas, pourtant. Il dévisage Sandy, ne louche pas ( ou trop, surement ) et rit un peu, face à sa difficulté. Autant se soulager, décompresser. « t'as prévu de faire quoi pour le reste de la nuit ? » Naeem, il hausse des épaules.
Cette nuit, il avait prévu de baiser cette fille. D'essayer de se vider la tête encore, de pas y parvenir, de se vider les couilles un peu, au moins. Ça a un peu foiré comme plan, au final, à la seconde où Sandy, il est apparu.
Ce soir, les couilles comme la tête restent pleines.
Naeem, il hausse des épaules alors. « baiser, en gros. » Il observe Sandy, là, qui essaie encore d'enfiler un truc. On dirait qu'il est trop grand maintenant, pour rentrer la dedans. « sérieux mec, mets qu'ton boxer, fais toi pas chier. » Naeem, il a que son slip, lui. Qu'importe qu'il soit blanc, qu'importe qu'il soit devenu transparent un peu beaucoup, maintenant. Il doit avoir la gueule d'un acteur porno ou d'un danseur à la con, comme ça plein d'eau, les cheveux tirés par derrière. Qu'importe ( ou alors, il fait exprès ) Qu'importe. Naeem, il pince ses lèvres, fronce des sourcils, s'approche un peu. « non mais arrête franchement, tu t'fais chier là » Il le fait chier, surtout. Naeem, il tire sur le jean, le fait tomber à ses chevilles. Naeem, il se gère pas, un peu brusque dans ses gestes, certainement. « on va aller sur la plage, ok ? le temps d'sécher et on f'ra des dessins cons dans l'sable. » Il sait, oui. Il sait que Sandy, il aime ça. Naeem, il se plaint à chaque fois. Il les aime permanent, ses dessins. Pourtant, au fond, il adore ça.
Il aime sa gueule de con, son air d'enfant, quand il dessine des trucs d'enfants, dans le sable.

Je sais pas ce qui est le pire.
Le savoir derrière moi en colère, ou ne pas le regarder alors qu'il me parle. Mais après son départ, c'est bien ce qu'il mérite de mieux, non ?
Moi, jamais je me serais barré comme ça, le laissant derrière moi.
Je crois que ça m'a même pas traversé l'esprit, une fois dans ma vie.
Comment on peut abandonner son frère, comme ça, sans même essayer de se retourner ? C'est pas humain, c'est même pas animal. Les orques, ils restent toute la vie ensemble. Mais Naeem, non, il est mieux que tout ça. Il est au dessus de tout et j'en ai marre de son comportement de gros con.
J'aimerais crier, beugler, le frapper encore et lui dire qu'il m'a vraiment manqué. Que sans lui, c'était pas pareil (j'avais même envie de mourir, dis-toi).
Je sais que c'est pas raisonnable, qu'il y a que les faibles pour penser à ce genre de choses. Peut-être que je le suis alors, je m'en fous.
Mais j'ai pas envie que ça recommence.
Parce que en dehors de lui, moi, j'ai personne. Je suis pas le grand Naeem. Je souris jamais et je plais pas aux filles.
J'en ai marre de lui. J'aimerais arrêter de l'aimer, parfois.
« baiser, en gros. »
c'est tellement romantique, tellement lui. Je tourne les yeux vers les siens, un instant, et je lui souris.
C'est bien Naeem, enfonce-toi.
« sérieux mec, mets qu'ton boxer, fais toi pas chier. »
Je fronce les sourcils mais continue quand même. Le tissu me brûle la peau.
« non mais arrête franchement, tu t'fais chier là » Et cette fois, je la vois pas venir, sa réaction bidon. Bam, le jean au fond des pieds. Sérieusement ?
« n'importe quoi. » je remue la tête négativement et le relève encore un peu.
« on va aller sur la plage, ok ? le temps d'sécher et on f'ra des dessins cons dans l'sable. »
Le voilà qui reprend encore le dessus. Naeem a gagné, j'enlève mon pantalon et le prends dans mes bras.
Dessiner sur le sable, comme avant. C'est sûr ça qu'il s'amuse à jouer. Sur les souvenirs et les sentiments. Je peux pas lui refuser ce genre de chose. Il sait que j'aime bien trop dessiner pour lui dire 'non, je rentre'.
« bon okay, on fait ça mais pas longtemps, d'accord ? j'suis fatigué ce soir, j'ai pas envie de m'éterniser. »
ça veut surtout dire : j'ai pas envie de te voir trop longtemps. Je veux te faire mariner, parce que c'est pas la fête avec mon coeur.
Je pense pas l'avoir mis sur le marché pour qu'on fasse n'importe quoi de moi. Je suis pas un pantin, encore moins le sien. Je commence déjà à faire quelques pas vers la sortie et frissonne en sentant l'air frais contre ma peau.
« ouais, vraiment pas longtemps. »
J'y mets pas du mien, c'est vrai, mais ce doit être l'après coup ou je sais pas.
Je me sens épuisé par lui. Par tout ce qu'il a pu me faire endurer ces derniers mois.

Il y a un instant de silence, un frottement certain, peut-être trop présent. Naeem serre ses doigts, fronce un peu des sourcils, alors qu'il observe attentivement. Dans sa poitrine, le coeur porte un étrangement battement. Il en vient à froncer un peu plus des sourcils, n'acceptant pas la chose. Il n'y a aucune raison de s'affoler. Aucune raison de réagir de la sorte, d'être de la sorte. Et pourtant, l'ombre d'une sueur glisse le long de son dos.
L'instant est court, s'efface rapidement. Le coeur pourrait reprendre ses battements, mais il choisit d'y aller d'une manière étrange, cassée, lorsque Sandy en vient à le prendre dans ses bras. C'est un peu soudain, un peu étrange, surtout lointain.
Et pourtant, il suffit d'un instant pour que lui aussi, également, il en vient à faire de même.
Les doigts se serrent contre sa peau, contre son dos. Naeem ferme les yeux, un instant, avant de le lâcher.
Les sourcils sont toujours froncés, le coeur un peu crispé. C'est étrange, sans réellement l'être. Qu'importe. Naeem n'y porte pas attention.
« bon okay, on fait ça mais pas longtemps, d'accord ? j'suis fatigué ce soir, j'ai pas envie de m'éterniser. » Il fronce des sourcils, encore. Naeem, il aura des rides avant l'âge,certainement. Qu'importe, au final. Il hoche de la tête de manière un peu sèche, pas certain de bien comprendre l'étendu de ses mots,ne voulant pas comprendre, non plus.
Sandy, il est fatigué, voilà. Il le dit, alors c'est vrai. Après une bonne nuit de sommeil, il l'appelera certainement pour faire quelque chose, demain. Ça sera comme avant.
Comme avant, oui, certainement.
Soupir lourd, sortant des narines. Naeem observe Sandy qui s'éloigne, observe longuement un instant, avant de le suivre. « ouais, vraiment pas longtemps. » Il grogne, un peu. Le temps d'un instant, assez tout au moins que pour le son, il se fasse encore. « ouais ouais. » Il fait un signe de main, qu'importe si l'autre puisse le voir ou non.
La marche est silencieuse. Étrangement, il reste toujours un pas derrière, la mine un peu dure. On pourrait le croire perdu dans ses pensées, si perdu il peut être. Naeem avance, garde ses mots dans sa gorge, le rattrape enfin lorqu'ils arrivent à la plage en question. « ça fait longtemps, hein ? » Il pose sa main contre son épaule, l'espace d'un instant, faisant glisser ses doigts contre sa nuque.
Un instant, encore.
Puis, les doigts disparaissent, Naeem avance, va enfouir ses pieds dans l'eau, un peu.
Il aimerait nager jusqu'à l'horizon, continuer encore et ne pas revenir. C'est une pensée parmie tant d'autres, une pensée qui s'efface et revient parfois, quelque fois.
Ses yeux se tournent vers Sandy, de nouveau. Il lui adresse l'ombre d'un sourire, une lueur douce dans les yeux. « putain, tu fais salement blanc, dans la nuit. » Rire, au bord de ses lèvers. Les yeux brillent un peu plus. Naeem quitte l'eau et va se poser contre le sable, les genoux bien enfoncés. Du bout de sa paume, il lisse le sable avant de commencer un dessin.
Les traits sont un peu hasardeux, un instant. Un peu quelconque, sans ressembler à quoique ce soit. Pourtant ce dessin, il le fait souvent. Peut-être un peu trop, dernièrement. Un dessin certain, assez significatif, en tous cas. Les traits de Sandy, facile à reconnaître lorsque l'on connait son art, prennent forme.