L'enfer lui lèche le visage, langue brûlante de chaleur et de noires promesses. Elles sont vivantes, les flammes, elles lui murmurent l'abandon, douce trahison. Hurlements déchirants, au loin, brise son cœur d'enfant, déjà témoin d'un vieillissement trop rapide. Mais il ne peut rien faire, que d'être impuissant, que d'écouter ces déchirements, ses gorges mutilées, que de se dire que bientôt, la mort leur sera douce, un éternel repos. Un corps qui pleure son impuissance, armé jusqu'à l'âme d'une mission impétueuse. Soan doit sauver son petit ange, survivre, jusqu'à ce que la sécurité prenne le tout petit dans ses bras. C'est une marche tortueuse, délicieuse pour la faucheuse, qui s'entête à étendre son voile noir au-dessus de leur tête. Immortelle détermination, le gamin ne craque pas et est fouetté par la fraîcheur de la nuit. Une bouffée d'air frais, rempli ses poumons de vie, de désespoir. Une fois son frère couchée sur le lit d'herbes, Soan élance ses muscles à nouveau, voulant se jeter dans la gueule enflammée pour sauver ceux qu'il entend crier, mourir, depuis trop longtemps. Des bras l'entourent, cependant, les pompiers, les maîtres du feu, qui l'empêchent de se sacrifier. Il hurle, frappe, pleure, même, pour l'une des dernières fois. Mais il n'y a rien à faire, et éventuellement, il n'entend plus rien que la maison qui craque, qui meure avec le cadavre de ses parents à l'intérieur. Quand on lui demande ce qui est arrivé, alors qu'il berce sans cesse le corps troublé de son frère, alors qu'il jette un dernier regard à sa sœur, il décide. J'ai oublié ma clope, qu'il dit avec désinvolte, un haussement d'épaule, affrontant l'autorité d'un mensonge bien jeté. Car ce n'est pas lui, non, qui est coupable, pas cette fois. Il est le renard, son petit ange est doux, innocent, mais a maintenant les mains tâchées de sang. Un regard au tout petit, qu'il ose le démentir, qu'il ose dire la vérité, pour voir. La vérité ne vaut rien, elle est souillée, comme eux, comme lui. Ils sont déchirés, brûlés, une famille de cendres. Et Soan est le démon, sombre et tragique, acceptant le rôle d'une étreinte confortable, jurant que ce mensonge deviendrait vérité, jurant qu'il finirait lui-même par l'oublier, et croire au crime qui ne lui appartient pas. Un sacrifice pour l'amour, dur, pur. Silencieux, torturé.

Cage, cage, jolie cage. peuplée d'êtres brisés, enchaînés. Des fous, des innocents, des victimes, des dangereux. Comme lui, comme Soan, le tueur, l'imprudent. Comme l'oiseau au plumage sale, en manque de vol et de liberté. Comme le parfait petit soldat, le droit, l'obéissant. Alors qu'il veut exploser, hurler, frapper, il enferme ses démons, les cache, les oublie, car il veut sortir, s'enfuir. Il veut les retrouver, eux, le reste des Pome. Obéit, petit chat, une bonne conduite si tu oublies les griffes. Un jour, il sortira, volera, les retrouvera. Un jour, il explosera enfin, il ne sera plus que rage, mal-être, désespoir. Il sera lui, même s'il n'est rien, personne. Un jour.

S'il est un démon, le mal, la douleur et la souffrance, est-ce que cela implique la présence des anges, le bien, le bonheur et la délivrance? Les Pome, avec un aîné démoniaque, haïssable, un petit innocent, un chérubin, un ange, et la princesse rebelle, au milieu, brisée, déchirée. Car Soan sait, à quel point elle le méprise, elle lui en veut. Ça le brise, ça le saigne, mais il est plus fort que le roc, pour lui. Les Pome sont brisés, inutiles, détruits, depuis que les seuls parents qu'ils ont, sont des urnes, emplies de cendres, preuve unique d'une ancienne existence. Engueulade, encore et toujours, avec Zya. Il a pété les plombs, encore, toujours. Elle le lacère, le bute, le renvoie par terre et il réplique, attaque, à son tour. Ça fait mal, toujours et encore, mais c'est leur danse, depuis son retour. Tant que son petit frère va bien, tant que lui, il sourit, tant que lui, on le regard bien, ça lui va. Monstre, paisible destinée, chemin tout tracé. Suffit de faire face, et l'acceptation de soi-même est la seule possibilité.

La douceur d'une femme, une bouche douce, sucrée, pulpeuse. Un soupire murmuré, une promesse d'une nuit. Une longue chevelure, épaisse, qui lui tombe sur le visage, alors qu'il crispe ses mains sur ses hanches mouvementées. Un recueil, une délivrance. Puis, la fermeté d'un homme, des corps qui s'entrechoquent, dominent, perdurent. Un grognement sourd, une plate vérité. Deux êtres, deux possibilités, des contradictions qui l'attire, l'excite, l'électrise. C'est la passion, un dérivé d'amour, sa manière à lui de survivre à la solitude, à résister à un trop plein de rouge.

Un sourire, un vrai, non pas une illusion, qui tire les traits de l'aîné Pome. Son propre shop, enfin, sa première victoire dans l'histoire de sa vie, tragédie. Ses créations pourront prendre vie, utile il pourra enfin se sentir. De l'espoir, qui lui brûle les tripes, de l'espoir, un sentiment qu'il tente de refouler le plus souvent possible, car il est traite, et souvent sans issu. Mais se pourrait-il qu'il ait enfin trouvé sa voie? Ses doigts glissent contre le verre, absorbant tranquillement la réalité. Après le sourire, le rire, qui fait trembler ses cordes vocales, qui le surprend, par sa douceur, sa nature de bonheur. Parfois, quand on veut, on peut, même si on est mauvais, perdu, brisé. Rédemption, chemin offert à tous, même à ceux qui sont perdu dans la noirceur depuis toujours. Deuxième chance, une bulle de lumière qu'il avale sans même y penser. La clé dans la serrure, il pousse la porte de son paradis, son château, son havre. Un peu de pommade sur ses blessures à vives, ouvertes, toujours béantes et saignantes. Un infime soulagement, dans un monde débordant de douleur.

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Et surtout, bon jeu parmi nous !