Il est tard. La lune hurle au travers le ciel et les étoiles scintillent, perdues au travers de la noirceur. C'est la nuit, n'importe quel idiot pourrait savoir, oui, un truc du genre. Et pourtant, Naeem marche dans les rues. Il était chez lui pourtant, il y a quelques instants, quelques secondes. Chez lui, une bouteille à la main, couché sur son lit. Les sourcils froncés, le corps crispé. Il était là, perdu, égaré, surtout en colère, prêt à débordé. Et puis brusquement, il s'est levé.
Les yeux, ils ont fixés le montage un peu bidon, un peu cassos sur le mur, des dessins et des mots rassemblés. Les yeux grands il a fixé le collage à la con, un peu dédié à lui, un peu dédié à Sandy, à eux surtout, avant de rager. Il a essayé, du bout de ses ongles trop courts, d'arracher, de retirer, de faire disparaître. Mais tout ça, ça a pas marché. Y'a juste un bout de son ongle qui brusquement, s'est mis à saigner.
Alors, il a encore plus ragé. Les sourcils se sont froncés et il a frappé, a hurlé, et le poing, il a été vif, criant de douleur. Le mur, lui, a perdu un morceau, un peu palot.
Le souffle a été fort, brusquement, et Naeem, il a pris son portable, ses tongs et ses clés, avant de se tirer. Marcher, voilà ce qu'il a fait. Il a marché les pas serrés, le corps tendu, et brusquement, il a atterri là, devant chez Zola. Il quitte les sourcils froncés, le corps braqué et le coeur enragé, sans parvenir à se décider.
Et puis, il se dit qu'il a besoin de thé. D'une tisane, d'un calmant, qu'importe la connerie que Zola, il peut bien lui apporter. C'est pour ça que, soudainement, vivement, il se met à sonner. Le doigt, il est collé. Il sonne, encore, encore, encore.
Il sonne, parce qu'il veut, oui, qu'on lui réponde.
Et enfin, soudain, la porte s'ouvre. Zola il apparaît, avec sa tête de môme. Ça fait déjà calmant le voir, avec son air fatigué, égaré, un peu paumé. Naeem, il sourit, tangue, s'avance. « Naeem ! Ca va ? » Il hoche de la tête, cligne des yeux et s'accroche, un peu vivement. Il passe un de ses bras autour de ses épaules et se sert de lui comme appui, lui sourit. « ça va, ça va. » Il grogne un peu, la gorge nouée par l'alcool ingurgité. Le corps fait poids mort contre celui de l'autre et il fronce des sourcils, un peu brusquement, l'humeur changeant vivement. « non, en fait. merde, t'fais chier. t'as mis l'parfum d'ta mère ? tu pue la meuf. » Il fronce des sourcils, s'éloigne brusquement, un peu trop vivement, et tangue. Son corps prend appui contre le mur, s'y étale un peu trop violemment. Naaem, il grimace, ne peut s'empêcher de lancer un regard noir à Zola. « t'faisais quoi ? tu matais un film d'amour à la con, p'être ? » Il ricane, con. Il est si con, ce pauvre idiot. Naeem secoue la tête, se redresse, parvient à être sur ses pieds. Ses doigts passent dans ses cheveux. « t'as d'la tisane à la lavande, hm ? bah ouais, c'est clair que t'as ça. » Sourire con. Putain, il est heureux de sa bétise, cet idiot.

Zola, il fait une sale tête. Ça se voit, oui, à sa gueule, qu'il aime pas. Naeem, il est bien con, après tout. Et puis, Zola est pd. Alors, la connerie, elle se fait encore plus forte. Zola, il se transforme un peu en défouloir, comme ça, brusquement. C'est pas gentil, c'est bien méchant, mais à quoi bon s'y attarde. Il est comme ça, simplement. Comme ça, avec ses crachats. Et Naeem, il pompe encore plus, il est en colère, en rage encore plus, à voir qu'il réagit pas, qu'il reste là, avec ses yeux d'agneau et qu'il observe, sans bouger, sans rien faire, sans chercher. Naeem, il a envie de le fracasser.
De le faire réagir, de le secouer, et par la même occasion, être soulagé.
Zola, c'est une frustration. C'est comme un corps mort, face à sa connerie. Il se tait, et observe.
Et Naeem, il bouille un peu plus fort. Toujours plus fort. Et là, l'alcool aide pas. Faut dire, ça aide jamais ce genre de truc. Non, ça rend pire, les trucs. Toujours, ouais, toujours pire. « Tu pues l'alcool, Naeem. T'as bu beaucoup ? T'es pas venu ici en voiture, hein ? » Naeem, il fronce des sourcils un moment. Il le dévisage, comme s'il était con. Comme si Zola, il était taré. Et puis, il lève les yeux au ciel. Ce qu'il est bête, Zola. Il pense de ces conneries, parfois. « J'ai marché. J'suis pas un attardé non plus, merde. » Qu'il crache. Il crache tout bas, la voix un peu cassée par l'alcool ingurgité et les cigarettes fumées.
Naeem, il grogne comme une merde, quand le petit lui prend le bras. Les sourcils froncés, il se laisse guidé, le visage comme une bête prête à frapper. Il grogne un peu, surtout pour la forme. Il grogne, l'observe et dégage son bras, une fois à l'intérieur. Il le dégage un peu, à peine, juste à essayer, juste à lui faire comprendre qu'il en veut pas, de tout ça. Il a pas besoin, de son aide. « Et non, j'pas d'la tisane à la lavande. Ça doit pas super bon. Tu veux autre chose, du coup ? » Naeem, il dégage brusquement son bras, face à sa réplique. Zola, il doit aimer la tisane à la lavande. Il a une gueule à ça, alors il a pas le choix. Naeem, il se laisse tomber sur le canapé, le dévisage les sourcils froncés. « t'es pd et t'aimes pas la tisane ? » Il sourit, bête. Il rit, bête. Un rire un peu con, un peu enfantin. Naeem, il les aime bien, ses stéréotypes à la con. Tellement que souvent, il écrit les siens. Les pds, ça aime le thé et la tisane. C'est écrit, c'est comme ça. « non mais franchement. tu suces des bites et t'avales la merde qui en sort, mais t'aimes pas la tisane ? sérieusement, elle est où ta logique. » La sienne, elle est un peu ailleurs, mais qu'importe. Naeem, il rit encore, avant de réellement poser son dos contre le canapé. Il passe ses doigts dans ses cheveux, bien las. La tête se penche par en arrière et il ferme les yeux, un instant. « et du thé, t'as ça ? thé, ça rime avec pd. aller, ramène moi un thé. » Naeem, il fait un signe de main, comme s'il parlait à une bonne ou un serveur.

Il se met à son aise, Naeem. Il se casse pas la tête, se tappe des conneries et de tout c'qu'il peut bien penser, Zola. Naeem, il a pas la tête à être gentil. Il a un peu trop bu, il a un peu trop ragé. C'est un mélange de beaucoup trop de choses, au final. Un vrai bordel qu'il contrôle pas. Et le petit Zola, il se prend tout à la gueule. Faut dire, en plus, il réagit pas. Il réagit pas, il hurle pardon avec ses yeux, comme s'il avait fait quelque chose. Et ça, ça le met encore plus en colère, encore plus hors de lui. C'est comme jouer avec une bête, essayer de la caresser lorsqu'elle veut pas. Ça se fait pas, tout simplement. C'est con, juste essayer. La bête, elle comprend pas. C'est un animal, point barre.
Naeem, c'est un animal sans cervelle, il s'attarde pas sur toi, encore moins sur les autres. Il en a juste rien à faire, tu vois. Enfin, du moins là.
Y'a quand même un coeur, sous tout ça. Y'a quand même un coeur, ouais.
« Naeem … Pourquoi t'es énervé ? J't'ai fait quoi … ? » Naeem, il ouvre les yeux, grogne un peu. Sa langue claque au fond de son palet, lorsqu'il le voit comme ça, encore plus bête, les larmes aux yeux. Il fait pathétique. On dirait un môme, un sale gamin. Naeem grogne un peu, se redresse et le dévisage, comme s'il était con, comme s'il était lourd. « roh ça va, viens pas chialer non plus. » Naeem, il secoue sa tête un peu, carrément las, avant de soupirer lourdement. Putain, il est chiant Zola, à pleurer. À faire l'enfant comme ça, pour un rien en plus. C'est pas comme si Naeem, il était pas comme ça tout le temps.
Zola, il devrait avoir l'habitude maintenant. Naeem, il va pas se la jouer doux et bisounours juste parce que monsieur, il a envie de chialer pour tout et pour rien. Y'a des limites, quand même. Des putains de limites, oui.
Heureusement, l'enfant pleurnichard finit par aller faire du thé, enfin. Naeem soupire et sourit, enfin satisfait de son choix, de son initiative, avant de chercher la télécommande. À la télé, y'a un truc merdique. Pas envie de supporter ça, non plus. Un peu chez lui, un peu sans gênes, il en vient même à poser ses pieds contre la table basse et à s'écraser un peu plus, sans penser. Et puis Zola, le voilà qui revient. « Tiens … » Naeem se redresse un peu, les pieds toujours sur la table, et prend son thé. Il lève les yeux vers le petit, après une gorgée. « ça va, fais pas ton coincé. j'fais pas t'frapper ou j'sais pas quoi. viens t'poser. » Il se pousse un peu, lui laisse une bonne place quand même, sur le canapé. Il se calme un peu, avec son thé. À croire que au final, il en avait vraiment d'besoin. « il est bien, ton thé. 'rci. » Sourire en coin, un peu gentil peut-être. Zola, il a l'air coincé un peu. Un peu trop paumé, stressé. Naeem, il lui ébouriffe les cheveux alors, après un coup d'coude bien placé, pas trop violent non plus.

La tasse à la main, il boit tellement. La tête se vide un peu, la colère s'évapore. Il n'y pense plus, non, à Sandy, à la rage qui a débordé, à l'alcool qu'il a bien pu ingurgité. Il ne pense pas, non, à ses mots rageurs, à ses gestes trop brusques et à la colère qui a grandit, qui a frappé Zola comme toujours. Les excuses, ce n'est pas son genre. Les excuses, elles sont rares, existent la plupart du temps pour Sandy. Naeem fronce un peu des sourcils, à penser à sa sale gueule. Il dévisage le vide le temps d'un instant, ne sait pas quoi penser, puis finit par soupirer.
Une autre gorgée, pour se calmer.
Les doigts tremblent encore un peu, pourtant. Naeem, il a la colère en dedans. Il suffit d'un peu, d'un brin, pour la faire sortir de nouveau. Pauvre petit Zola. Il ne le sait pas, tout ça. Ou alors, il n'y prête pas attention. Il voit un calme, il l'imagine permanent. Pourtant, avec Naeem, il n'y a rien de permanent. C'est toujours un bordel considérable, un peu comme des montagnes russes. Tu peux rien y faire, une fois pris dedans. Tu suis le mouvement, simplement. « Mmh … Naeem … Pourquoi t'as bu ? » Il fronce un peu des sourcils, le Naeem. La question, il ne l'aime pas. La réponse, il n'a pas envie de la donner. Pourquoi il le ferait, de toute manière ? Chacun son droit, après tout. Boire, il peut le faire quand il veut.
Il ne doit rien à personne. Naeem, alors, il reste silencieux, boit son thé à la con, espère que Zola, il comprenne quelque chose à son silence.
Mais non. Bien évidemment que non, il ne comprend pas.« Quelqu'un t'a énervé ? Tu t'es battu ? Pourtant .. Ton visage est pas abîmé … Il s'est passé quoi ? » Il ferme les yeux, un instant. Un effort certain, visible, du calme qu'il essaie de maintenir. Pourtant Naeem, il ne se force à rien. Ou pas grand chose, alors. Les yeux s'ouvrent et il les tourne vers Zola, le dévisage. La colère est là, encore, et elle s'éveille de nouveau. « Ouais, ta mère. » Il lui adresse un sourire cynique avant de déposer la tasse, non sans renverser plusieurs gouttes sur la table basse. Mais ça, rien à foutre. « J'ai voulu la baiser, mais ton père est arrivé. Sale bordel, j'te dis pas. » Et il continue, cet idiot. Il n'aime pas, non, qu'on se mèle de ses affaires. « 'fin tant mieux peut-être, elle était peut-être trop lousse, vu son âge. » Sourire chiant, lueur arrogante, dans les yeux. Et la rage, surtout. « Sérieusement, t'en as combien des putains de questions du genre ? » La voix gronde.