petite princesse d'algérie, ta peau sent le pain d'épice et est douce comme le goût sucré du miel. la clope au bec, tu emmerdes tes traditions qui n'en sont que nom. t'as vécu quoi, quelques années à peine là-bas ? pas assez pour te sentir touchée. surtout avec ce père qui vérifie le moindre de tes faits et gestes et qui te réprimande durement lorsque tu ne te tiens pas correctement. un majeur fièrement dressé, c'est comme ça que tu vis, blessée par la vie. t'as beau n'avoir que dix-huit ans dalila, tu peux pas commencer la journée sans une tasse de café bien corsé, avec une pointe de lait pour adoucir et rendre la boisson plus favorable à ton gosier. t'as une scoliose depuis toujours, aussi loin que tu t'en souvienne, c'est pourquoi tu passes souvent une main dans le haut de ton dos pour décontracter tes muscles. il n'y a rien qui te plaise plus qu'un bon massage de la part d'un beau garçon. tu adores faire diverses coiffures avec tes cheveux d'un noir de jais et aussi épais que de la sauce ou de la confiture. ta vie, c'est un grand terrain de jeu aussi. tu vas au lycée pour apprendre, pour maîtriser ce qui t'es inconnu, mais bien souvent tu n'écoutes que d'une oreille. tu es intelligente, même si tu bousilles tes soirées à fumer et à boire jusqu'à être ivre morte. mais tes notes ne s'en ressentent pas : tu es douée, tu es intéressée. tu aimerais suivre la carrière politique de ton père, une fois le lycée terminée. mais ça, jamais tu ne lui avoueras : il s'en vanterait bien trop, d'avoir un peu de ton intérêt. tu l'aimes ton paternel, mais votre relation est assez étrange, loin d'être fusionnelle. sans cesse, vous vous défiez, vous moquez, vous blessez. au fond, tu le connais assez peu et lui ne sait rien de toi. petite gamine capricieuse, la dalila que t'es n'aime pas qu'on lui dise non. elle apprécie que ses désirs soient des ordres et fait ce qu'elle veut, tout en attendant que vous aussi fassiez ce qu'elle veut. elle n'est pas méchante au fond, juste adolescente. auto-destructrice, anarchiste, elle se cherche, elle expérimente, elle goûte à tout. tantôt plus douce que de la soie, elle sera plus virulente que du feu l'instant d'après. elle se vexe et est blessée pour rien, se braque à chaque mot qui lui paraisse un peu agressif ou dédaigneux. isaura, c'est une bombe à retardement, que l'on craint d'exploser et qui pourtant n'attend que ça pour fondre en larmes et déverser toute cette pression accumulée. c'est un ange aux ailes sombres qui vient se déposer sur vos épaules, tantôt sagesse, tantôt discorde.