zya, c'est un mètre et des poussières célestes de haine condensée, de bonheur calciné. alors pour exorciser, extérioriser, la gosse à b'soin de bouger, vagabonder, boxer, filer des pains à l'autre pute, essayer désespérément de skater sans s'ramasser. elle a besoin de parcourir kilomètre après kilomètre, jusqu'à s'en exploser les poumons, haletante est la respiration. + zya, elle a un rêve en plus d'trouver le bonheur, de voyager, s'exiler. elle voudrait avoir son garage à elle, être mécanicienne. elle veut sa propre bécane, une vieille, quasi-poubelle, qu'elle transformerait en la plus belle. + zya, c'pas tellement son trip les grosses soirées blindées. la gamine préfère les nuits passées à la belle étoile en petit comité. mais elle y va quand même, parce qu'elle a des potes qui viennent la chercher, la traîner, lui gueuler dans les tympans qu'elle a intérêt à s'ramener. + zya, elle fume pas mal, pas parce que c'est mal, pas pour jouer la rebelle, faire la belle, clope au bec. juste pour s'sentir vivante, pour que ça lui brûle la gorge, pour qu'elle s'étouffe avec la fumée, comme la gosse, la conne, l'apprentie, la banie. zya fume juste pour adoucir légèrement la fureur du cœur. + zya, elle partage son sang avec deux autres pome, paumés, tout aussi bancals, instables. comme d'habitude avec zya, y'a les deux extrêmes. la glace et le feu. l'amour ardent qu'elle éprouve pour l'un, la haine polaire pour l'autre. + zya, elle aime trop vite, trop fort, trop passionnément. et puis elle r'tombe de haut quand elle comprend que c'est pas aussi intense réciproquement. ou peut-être qu'elle se lasse, la princesse déchue des glaces. + zya, elle a un bout d'peau brûlée, camouflée, pour que du désastre elle puisse se rappeler + zya a mal, elle fait encore plus mal à autrui, aux gens qui lui sont le plus proche, ceux qui sont là pour la gosse, ceux qui n'ont parfois rien à voir avec ses crises de colère. + on l'a dit insensible, car elle ne montre rien, ravale ses larmes, préfère froncer des sourcils que de s'effondrer dans tes bras. pourtant y'a pas plus fragile. + gosse de rue, zya a grandit entre la poussière et les souris, entre le brésil et le mali, séparés par une cloison aussi solide que la jolie. pourtant elle s'plaît à tromper son monde, à porter ce masque de fausse dure, à râler, soupirer, insulter, claquer des portes, jurer, t'jeter des objets à la face. dans l'fond, elle est pas mauvaise la gamine, un peu perdue, un peu agressive et maladroite, un peu pauvre et peu bavarde, mais pas mauvaise. + elle a une ambition dans la vie aussi, atteindre le bonheur véritable, pas le factice qu'elle s'invente au quotidien pour paraître bien. elle veut vivre d'amour, de bécanes, de clopes, de couchers d'soleil, de poèmes, de mots doux, de nuits passées sous les étoiles. en attendant elle squatte par-ci par-là, trouve un job qui lui permet de s'payer sa nicotine, et d'rembourser la bouffe et tout ce qu'elle a consommé chez celui oui celle qui l'a accueillie pour quelques nuits.