San. Il aimerait porter plus que sa fierté en étendard. Bien plus que sa déchéance en ornement. Comme un écran de fumée. Qui dévie les regards. Dompte les idées. Il oriente les situations, il le fait à son avantage. Se tape d’avoir à répéter, ses mots sont des maux que ses poings distribuent. Il a la fureur de vivre, de rire, d’aller au bout. Et d’voir ce qu’il y a au bout. De le toucher. De l’apprécier dans sa globalité, jusqu’à satiété. Jusqu’à ce que mort s’en suive si, au bout, y’a qu’elle qui l’attend. Il fonce, il réfléchit, parfois. Avant ou après, où est la différence ? La baraka n’a pas foulé son berceau. Il est résigné. Il sait. Il a la sagesse du vieux singe, l’ignorance du nouveau-né. Le monde, il s’en fout, il le fait royalement. Il prétend. Il le fait bien. « T’étais où ? » il contourne la silhouette tassée de son pater, jette un œil furtif au bidon qu’il se traine. Mange et n’aie surtout pas les yeux plus gros qu’le ventre. Il se le répète. Pourtant, Sandro, il est vorace comme un rapace. Il veut tout, tout de suite. Il s’en donne les moyens. Il se paume dans les paradis artificiels y opère comme un vendeur de rêve. Qui perd à l’échange. Les pupilles dilatées, les yeux injectés de sang sont la preuve d’un voyage récent. Là-haut. Antonio pige tout. Il lui lance un regard kalachnikov auquel Sandro n’trouve aucune riposte. Fait comme un rat. « Quelque part ». A user son existence jusque la corde. Avec ses potes. Toujours. Pas autrement. La gifle. Elle résonne. Il en a les oreilles qui sifflent. Un bourdonnement dégueulasse qui revient. La douleur pulse. Le rouge s’étend. « On n’peut plus rien faire de toi ». Qui a fait qui à l’image de qui ? Si c’est pour ressembler à ce tas de chair à la cholestérolémie surnaturelle, il préfère qu’ « on ne fasse plus rien de lui ». Il ne se masse pas la joue, ça pourrait faire bader ce vieux con. « T’as fini ? ». L’insolence lance un : je vous salue mon père et se tire, emboîtant le pas de San qui court vers d'autres horizons.