Ivre. Je ne possédais plus mon corps. je trébuchais. Perdue. Mon épaule frappa le mur près de moi, tandis que mon rire s’élevait dans la pièce. La musique m'assourdissait, la foule dansait. Une foule obscure qui me donnait presque la sensation d'être comme tout le monde. Confiante. Ravie. Comblée. Mais j'étouffais. Dévisagées par les femmes, désirées par les hommes. Je riais. Plus haut, plus fort. Libérant cette douleur qui me tendait le ventre. Ce soir, j'étais fatiguée. Épuisée à l'idée de n'être qu'un morceau de chair. Pourquoi m'étais-je ainsi habillée ? Pourquoi avais-je mis cette robe qui me collait à la peau, qui me brûlait, m'effrayait. Pourquoi m'étais-je habillée comme une putain, une femme liée aux relations éphémères, comme un objet sexuel. Je grognais tandis que mon crâna s'écroula contre le mur. Une silhouette, menaçante, s'approchait de moi. Je fermais mes paupières. Je voulais m'endormir, vomir, partir. M'enfuir. Une main se plaqua contre mon ventre, glissa le long de mon corps, agrippant ma peau avec des doigts collants, intrigants. Des lèvres remontèrent contre ma nuque, mordant la lobe de mon oreille. Je soupirais. Ce n'était pas du plaisir, c'était de l'épuisement, de l'agacement. "Nina Gonzaèles" me souffla une voix que je reconnus aussitôt. L'alcool coulant dans mon sang m'empêchait d'effectuer le moindre geste. Immobile. Bloquée. Je subissais. Je subissais ses mains caressant ma poitrine, agrippant avec poigne mes fesses, mes cuisses, me collant à son corps. Je le sentais réveillé, pressé. Je pinçais mes lèvres avec mes dents. Soumise. Comme d'habitude. "Réponds-moi, Nina" Non. Non. J’élevais mes mains au ciel, pour tenter de le repousser. De l'éloigner de moi. Mais il plaqua mes poignets contre le mur se trouvant derrière moi. J'ancrais mon regard dans le sien. Un frisson me parcourut. Qu'allait-il me faire. Ses lèvres effleuraient les miennes. Sa mâchoire était crispée. Son souffle chaud, haletant. "Laisses-toi faire, je ne te reconnais pas ma belle" me murmura-t-il avant d'agripper ma bouche afin de m'embrasser. Je fondais. Mes jambes tremblaient. J'allais m'écrouler. De larmes noyaient mon regard, coulaient sur mes joues. Je sentais que ma conscience abdiquait. Parce qu'après tout. Je n'étais bonne qu'à ça, qu'à me faire baiser sans sentiments. Je le cherchais. Je le trouvais. Je laissais mes bras prendre le long de mon corps. Je refermais mes paupières. Il dévora mes lèvres, ma nuque, le haut de ma poitrine. J'étais foutu. Et je me laissais porter par ses caresses, ses baisers. Ce soir, je serais sienne. Comme je l'avais déjà été à de nombreuses reprises. Sauf que ce soir, pour la première fois, je réalisais à quel point j'en avais marre. A quel point j'étais agacée d'être juste ça, celle qu'on baise, celle sur qui on se vide les couilles. Ce trophée. Cette victoire. Cet orgasme.

Impatiente. Je pénétrais dans l’appartement que je partageais avec Lino et Fausto. Relations étranges. Relations inexplicables. Mais relations essentielles, importantes. Je frappais la porte avec le bout de mon pied, pour la refermer. Je retirais mes talons. Traversais l'endroit avec mes cheveux emmêlés, ma robe mal remise et mon maquillage abîmé. Mon sourire. Mon sourire rattrapait le tout. Ils étaient là. Sur le canapé. Ils me regardaient. Je plongeais mon regard dans celui de Fausto, puis dans celui de Lino. Ils ne firent aucun commentaire. Tant mieux. Je m'enfermais dans ma chambre. J'y ressortais vingt minutes plus tard. Lavée. Coiffée. Vêtue d'un t-shirt trop large pour moi. D'un short moulant. J'étais épuisée. Cette nuit avait été douloureuse, éprouvante. Mais là, je me sentais bien. A l'instant même où je pénétrais au sein de cet appartement, je me sentais bien. Parce qu'ils étaient là. Je n'étais pas capable d'expliquer pourquoi. Comment. Mais ils agissaient sur moi. M'apaisant. Je m'allongeais sur le canapé, déposant mon visage sur les cuisses de Lino. Mes doigts se déposèrent contre son pantalon. Je fermais mes paupières. Sans un mot. Un soupira m'échappa, de soulagement. Je savais que j'allais m'endormir. Sous peu. Parce que je n'avais pas peur d'eux. Pas peur de me laisser sombrer auprès d'eux. Morphée m'agrippa, m'attira dans ses bras. Me hissant dans des songeries qui soulaga immédiatement mes peines. Mon corps se relâcha. Je sombrais. Doux rêves.

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