Elle te bouffe, elle te hante. Elle est devenue ton fantôme, elle est comme un bout d’toi. Tu la sens, tu la vois, de partout. Tu la veux, sous tes doigts. Tu veux sentir ses cheveux, goûter ses doigts, sa peau. Tu tournes en rond depuis qu’elle file. Elle se faufile dans la ville. Elle te laisse seul dans ton lit.

Une voix lointaine essaie de me faire revenir à la réalité. C’est c’petit con qui me sert de pote, de collègue de travail, qui me sert d’épaule sur qui pleurer quand ça va mal. Ça arrive pas souvent, j’vais rarement mal, j’me plains rarement. N’empêche qu’j’ai l’esprit un peu trop loin, dans le vague. Mon esprit a pris le large y’a quelques jours, vers une île merveilleuse aux yeux vert et aux longs cheveux bruns. Il n’y a plus que son doux visage aux teintes d’été qui occupe mes pensées. Terminé les longs week-ends dans les montagnes scandinaves, les longues soirées à perdre mes doigts dans la chevelure blonde de celle qui a conquis mon cœur il y a quelques années. J’me suis trompé, elle a rien conquit du tout, elle a juste pissé dans mon lit pour y marquer son territoire. Il n’y a plus que sur sa silhouette que je me perde.
J’suis con, d’m’accrocher comme ça, aussi rapidement. J’suis faible, j’sens qu’j’suis faible. Mais j’y peux rien, et encore une fois c’est cet idiot avec sa bouteille qui me ramène dans ce bar miteux. Il me tape dessus, il me fait regarder droit devant. Y’a une fille qui vient de rentrer, une belle brune qu’il dit, c’est peut-être elle, il essaie de deviner c’est son jeu. La retrouver. J’crois me souvenir de son prénom, mais c’est flou. Tout est flou, brumeux. Elle disparait, l’idiot de service aussi. J’retourne à la contemplation du néant, j’laisse à nouveau mon esprit vagabonder à la recherche d’un dernier souvenir qui m’aurait échappé.

- Ta cousine. Ta, putain, de, cou-sine.
Il a pas à décortiquer chaque mot de cette manière, pourtant il le fait. Il veut que ça rentre dans mon esprit, que j’me suis tapé ma cousine, mon sang. Ca a pas de sens.
- Tu phases sur ta cousine. T’es un dégueulasse.
J’veux plus me souvenir de ça, j’veux oublier ce détail, j’veux remettre mon cerveau sur l’arrêt. J’veux oublier, l’oublier. J’veux retourner à mes week-ends à la montagne, j’veux retrouver la blondeur d’antan, j’en ai déjà marre des brunes.

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