-Pouvez vous me dire , Monsieur Granger, quelle est l'utilité principale du chœur Antique dans la pièce que nous sommes entrain d'étudier ?
J'entends vaguement la voix de mon prof me venir à mes oreilles alors que je suis comme à mon habitude affalé sur ma table . Il me faut alors  quelques secondes pour me réveiller et me mettre dans la situation. Ah oui ! Je me souvient maintenant ! Je suis encore sur les bancs de cette foutue université à encore devoir faire de la théorie théâtrale qui m'ennuie à mort.
-Écoutez franchement , j'en ai aucune idée et puis c'est quoi la pièce qu'on étudie là ? Dom Juan ? Mais ya pas de chœur antique , c'est même pas une pièce antique !
J'ai toujours l'habitude d'avoir ce ton du gars qui veut avoir raison avec les profs sauf que ça à l'air d'énerver celui-ci.
- Nous sommes entrain d'étudier les Troyennes, Monsieur Roméo et si vous êtes si attentif, je vous demanderai de sortir immédiatement de mon cours !
Je m'exécute sans rechigner. De toute façon c'est le dernier cours de la journée alors si je peut partir plus tôt ça m'arrange. Je sors de l’amphithéâtre , les autres élèves me fixent, c'est bon là , vous  voulez ma photo ou quoi ? Surtout que c'est pas la première fois qu'il me vire de son cours. Mais bon j'ai le don de me comporter comme un collégien.
Du coup, j'ai profité de mon avance pour passer à l'agence qui heureusement ne m'avait pas prévu un shooting ce soir mais juste une séance d'essayage pour une marque de vêtement. La séance finit après être passé chez moi , j'ai décidé d'aller au bar lounge. Et je n'ai strictement aucune idée du pourquoi du comment j'y vais. C'est juste comme ça. J'ai pas d'amis. Enfin , je n'ai mais ils sont pas là. Alors j'ai décidé de me socialiser un peu et d'aller boire un petit verre au bar lounge.
A peine rentré , je me suis rendu compte de la foule qu'il y avait ce soir là. Évidemment, j'avais encore choisi le mauvais soir, celui où tout le monde s'y rendait et par conséquent le chemin pour accéder au comptoir était pire que celui pour gravir le Mont Blanc.  Arrivé au comptoir , je commande un jus d'orange. Je jette alors un coup d’œil aux ivrognes autours de moi qui pouffent de rire en entendant ce que je viens de commander. Sauf que ok , ça les fait rire sauf qu'ils ne savent  pas que je ne désire pas finir comme eux , ou pire comme mon père c'est à dire alcoolique et con  et que pour cela j'évite l'alcool. Mais visiblement , on ne peut pas commander un verre de jus d'orange  dans ce bar.
Le barman me donne alors une tape sur l'épaule et celle ci est tellement brutale que je failli perdre l’équilibre.
-Allez mon p'tit , tu vas pas boire du jus d'orange  t'es dans la cour des grands maintenant , aller c'est moi qui offre !
Je comprend qu'il se fout vraiment de ma gueule et reprend sèchement.
-Ok , j'prend une vodka et mettez y la dose comme ça on verra si je suis encore un bébé à la fin de la soirée !
Il m'esquisse encore un sourire et me sert finalement mon verre .
Tant pis, j'ai décidé de prendre des risques, moi qui disait que je ne boirais pas bah finalement, si je boirais. Et puis si j'ai la tête qui tourne à la fin de la soirée, c'est pas grave.
A travers, la foule , je ressens le besoin de respirer de prendre l'air et sa fraîcheur du soir. Je m'assois  dehors à une table sur la terrasse et observe le monde qui s'active, la foule et le monde de la nuit qui semble si réveillé. Je sirote ma boisson, je me perd à regarder la foule puis tout s’accélère et j'ai à peine le temps de remarquer que je viens de me retrouver avec le contenu d'une boisson sur ma chemise qui était censée me servir demain pour un shooting. Sauf que là , je sais pas si elle pourra encore servir. Mais bon , j'ai tendance à m'énerver surtout quand les gens ne font pas attention là où ils mettent les pieds et que les ivrognes sont tellement  bourrés qu'il en perdre, l’équilibre.
-Hé tu pouvais pas faire attention, faut diminuer la dose de whisky !  je lance à la personne.
Puis je stoppe net dans ma lancée , la personne qui m'a versé le liquide orangé n'est pas un vieil ivrogne mais une jeune fille qui semble si désolé de ce qu'il s'est passé.
Non mais t'es con ou quoi Roméo ya pas des fois où tu peux te comporter comme un gentleman ?!
-Je... je suis vraiment désolé moi aussi , je t'ai pris pour quelqu'un d'autre, je t'ai pris pour quelqu'un d'autre , je pensai pas ce que je disais.
Je prend le mouchoir et l'aide à se relever
Merci pour le mouchoir, et tu sais c'est des incidents qui arrivent souvent, ne t'en fais pas, je t'en veux pas !
Je lui lance alors un sourire avant de reprendre :
- Sinon , moi c'est  Roméo !

Il s'énerve, les mots s'envolent. Violemment pour atterrir dans son visage. Elle baisse automatiquement le regard jusqu'à ce que le mouchoir quitte ses doigts et qu'une main se saisisse de la sienne. Toujours mal à l'aise par toutes ces paroles. Ollie elle a besoin de douceur, de phrases en coton. Finalement, elle le regarde, un peu à la dérobée avant que ses yeux ne parviennent à se fixer. Roméo. C'est joli, c'est mélodieux, littéraire. Tout ce qu'elle aime.

-  Et moi Ollie. Merci...

Elle est encore au milieu du chemin, alors elle repère une table haute un peu plus loin. Inconsciemment, peut-être encore étourdie de cette rencontre brutale, la blonde lui adresse un signe de la tête tout en attrapant son poignet. Enfantine, elle ne réfléchit plus. Spontanée, elle se rend compte qu'elle ne sait pas vraiment quoi lui dire. Pourtant en le détaillant, elle a cette sensation qu'il n'est pas un étranger, qu'elle l'a croisé auparavant. Entre deux couloirs ou devant le portail de l'université. Comme un repère, parce que l'on passe devant des personnes à certaines heures, certains jours de la semaine. Encore et encore. Et puis après quelques mois, parfois on se sourit. Rien de spécial. Simplement un peu de bonne humeur. C'est pourquoi sa voix se fait légèrement plus assurée.

- Tu ne serais pas à la fac ? J'ai l'impression de t'avoir déjà vu.

Ca pourrait ressembler à une vieille phrase bateau de séduction, mais pas dans sa bouche à la sincérité déconcertante.