Tu es là, devant moi.
Tout s'envole. Balayé par un vent à la fois doux et violent. Tout s'envole. Jeté vers le ciel comme des feuilles d'automne. Tout s'envole.
Je me fissure lentement, sans personne pour le remarquer. Une blessure minime que je ne prends pas le temps de soigner. Un picotement dans les émotions habituelles. Un battement de cœur et une nouvelle paire d'ailes. Les certitudes deviennent doutes. Les doutes, certitudes. On vacille, mes vérités et moi. On tangue dangereusement, incapable de faire le moindre choix. Finalement tout devient clair. Une évidence que je ressens dans mon âme autant que dans ma chair.
Mais je ne peux t'attraper.
Ce n'est en rien ce à quoi je m'attendais. Il n'y a ni papillons dans mon ventre, ni regards complices. Où sont les sourires béats et les petits gestes qui me trahissent ? Il n'y a rien de vrai. Les papillons sont morts, devenus statues de plomb. Les regards complices se sont teintés que de charbon. Les sourires béats se fanent pour laisser la place aux visions floues. J'aimerai m'allonger mais je ne sais pas où.
Je ne suis qu'un château de carte sur lequel tu peux souffler.
Ce sentiment détruit. Ce sentiment reconstruit mais seulement de pâle copie. Il vous habite, vous vide et vous épuise. Il vous promet monts et merveilles. Pourtant je ne touche toujours pas le ciel. Je ne suis jamais aussi perdue, jamais aussi triste que lorsqu'il est là. L'amour est un océan dans lequel je me noie. J'ai longtemps cru aux contes de fée, à ces amours dramatiques et passionnés. Croyez moi, tout était en dessous de la vérité.
Tu es là, devant moi.
Tout disparaît. Oublié devant ton sourire à double tranchant. Tout disparaît. Effacé comme un souvenir d'enfance. Tout disparaît.
Alors ne pars pas. Car l'amour n'est bienfaiteur seulement si tu restes au près de moi.