« Carlotta, tu es bien trop têtue tu sais? » Elle soupira encore. Ça devait être -au moins- la millième fois que son père lui rabattait le même speech. « Ouais j’suis trop têtue, et…?» Elle lui lança un regard noir et soupira, avant de lever les yeux au ciel. Elle adorait jouer à ce petit manège, être insolente, s’engueuler avec ses parents. Charlie n’avait pas vraiment de bon liens avec eux, voire même pas du tout. Ils sont, selon elle, qu’une paire de vieux cons qui ne veulent que lui couper les ailes de la liberté. « C’est hors de question que tu sortes Carlotta, et encore moins vu l’heure qu’il est! » Et voilà… Elle intervient enfin. Sa mère, elle attendait toujours un peu avant de gueuler. De toute façon, Charlie avait prévu de sortir, avec ou sans l’accord de ses parents. Elle fit encore le coup du soupir, des yeux au ciel et des regards tueurs, pour entendre sa mère dire finalement, comme toujours : « Le débat est clos. Va dans ta chambre, tu as cours demain. Si j’entends le moindre bruit, ou que je découvre que tu ne dors pas, tu va avoir de mes nouvelles! » Tant pis, aujourd’hui, elle devrait encore être discrète. Charlie monta dans sa chambre et commença son rituel de sortie. Elle devait juste mettre un coussin sous la couette, pour son corps, et prendre un ballon de foot pour y ajouter une perruque blonde, et mettre le tout là où elle devrait être: sur le lit. Charlie étit sortie en douce pour la première fois il y a huit mois. Un gars du skatepark faisait une petite soirée sur la plage, alors elle avait décidé d’y aller. Huit mois déjà. Et même si c’était devenu une habitude pour elle de sortir, elle avait toujours cette poussée d’adrénaline quand elle ouvrait la fenêtre pour s’envoler vers la liberté. Elle prit son sac a dos, en vérifiant qu’elle avait bien tout: son portable, des cigarettes, son cruiser, et sa paire de vans. Comme a chaque fois, elle releva le montant de la fenêtre, enjamba le rebord, prit une pierre et bloqua le montant de la fenêtre. Elle avait la chance de vivre dans une maison, et d’avoir un garage, et ce garage se trouvait à côté de la fenêtre. Il n’y avait plus qu’a descendre, et elle était libre! Elle était encore assise sur le toit quand elle enfila ses chaussures. Elle le vit arriver. Il était sur son skate, il était pile à l’heure. Zacaria. « Woah Zack, bravo, t’es pile à l’heure! » Elle souria, et sauta du toit pour arriver sur le trampoline tranquillement, et finir près de la barrière. « A vrai dire, madame la princesse, ça fait un quart d’heure que je fais le tour du quartier en attendant que tu débarques. » Elle escalada la barrière et une fois délivré de ses chaînes d’ados retenue par ses parents, elle pu enfin le serrer dans ses bras. Il était presque comme un frère, mais pas totalement. Ce qu’elle ressentait pour lui était trop fort. « Tu casses toutes la magie du truc crétin! » Dit elle en riant. Charlie monta sur son cruiser et  ils partirent tout deux en direction du skate park pour rejoindre leurs potes; Lottie, l’anglaise rebelle, Marvin, leur copain basketteur, et les jumeaux Lilly et Elias. C’était ça la liberté: le vent, les routes pour eux, leurs amis, leurs skates, leurs cigarettes, et aucune lois. Ils étaient tous différents, avec des passés différents, des histoires différents, pourtant, ils ne s’imaginaient pas vivre séparés. Ils s’étaient rencontrés au skatepark, et c’était toujours là qu’ils se rejoignaient. La petite bande inébranlable. Les sauveurs de Charlie, qui l’avaient empêché de se morfondre dans sa petite vie bien organisée.

DIX MOIS PLUS TARD
Avant, elle était différente Carlotta. Elle était certes un peu sauvage, mais elle ne sortait pas en douce. Elle ne fumait pas. Elle ne buvait pas de bière. Elle ne sortait pas avec des gens plus vieux. Mais elle était plus mature. Ce jour là encore, elle avait relevé le battant de la fenêtre, préparé son lit, prit ses affaires et était sortie. Une fois encore elle avait retrouvé Zacaria. Sauf que maintenant c’était bien plus tendu entre eux. Elle le savait. Qu’elle avait des sentiments pour lui. Elle le savait mieux que quiconque, elle pensait même que c’était réciproque, mais quand elle lui avait dit, elle n’avait pas eut ce qu’elle désirait. Lui, il ne ressentait pas la même chose. A peine la barrière escaladée, elle alluma une cigarette, et sourit timidement à Zacaria. « Princesse Charlie, les filles de ton âge ne fument pas! Oui, et les pédophiles de ton genre ne traînent pas avec des filles de mon âge! … Tu m’passeras ta fin? ok. J’suppose que t’as déjà dépensé tout ton argent de la semaine pour t’acheter à boire et des clopes, que tu as déjà surement fumé? Tu m’connais trop bien p’tite princesse. Mais aujourd’hui c’est différent. Ah bon? Qu’est ce qui change au juste? Ça fait deux ans tout pile qu’on se connait! Une occasion pareil, Charlie, ça se fête! » Un immense sourire s’étendit sur son visage. Elle entendit la porte de la maison s’ouvrir, et sa mère sortit en criant. « CARLOTTA LENA ALVEZ, TU VAS ME FAIRE LE PLAISIR DE RENTRER IMMÉDIATEMENT À LA MAISON! » Charlie éclata de rire, lança un regard complice à Zacaria, et tout deux partirent à toute vitesses sur leur planches, en riant. Elle riait moins le lendemain. Sa mère lui avait passé le savon de sa vie. Elle était privée de sortie, ce qui était idiot, puisqu’elle trouverait toujours un moyen de sortir, mais ses parents pensaient s’elle s’était sauvée par la baie vitrée de la cuisine. Rien ne l’empêcherait jamais de voir Zacaria, Lottie, Marvin, Lilly et Elias. Rien. Le lendemain, elle sorti encore, et Zac et elle partirent en souriant. C’était horrible. D’être si proche de lui et de ne pas pouvoir l’aimer. Elle détestait ça. Ce sentiment d’être friendzonée. C’était quoi le problème? Est ce qu’ils étaient trop amis, ou est qu’elle était juste trop jeune pour lui? Elle détestait ce foutu sentiment. Mais lui, elle l’aimait chaque jour un peu plus. Putain.

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