Sandro Oliveira



Sandro & Dalila.
Ça sonne bien. Ça sonne bon. Ça fait plaisir aux oreilles et même à la langue. Ça s’écrit et ça fait joli. Sur un bout de papier. Avec des petits cœurs et deux p’tits cygnes. En primaire, ça le faisait encore. Quand, tu matais ce mec, plus vieux. Il était déjà au collège et semblait déjà loin, loin, loin. Loin comme dans « lointain ». Tu pouvais pas le faire kiffer mais, t’pouvais déjà, kiffer dans ton petit coin. Tes copines, elles disaient qu’il ne te regarderait jamais. Que jamais, ça voulait dire jamais et à moins que tu deviennes jolie, t’avais aucune chance. La chance, le temps, il te la offert. Tu l’as saisi.

Sandro & Dalila
Une fête, comme ça. Un endroit où, normalement, t’aurais même pas du foutre le pied. C’est aux platines que tu l’as vu, t’avais oublié à quel point il te saisissait, à quel point, ton corps, ton cœur, le réclamaient. T’avais oublié qu’il était si. Si « Sandro ». Un peu comme un chocolat chaud, par une nuit d’hiver. Un enfoiré de première. Parce que lorsque tu lui as adressé la parole, il t’a prouvé qu’on n’pouvait pas faire plus salopard sur terre. Au lieu de. De le détester, toi, t’as juste encore plus accroché. C’est qu’il n’avait aucune trace de mièvrerie en lui.  Ça tombait bien, toi non plus.
Ou en tout cas, tu allais tout faire pour faire partie de son petit nuage électronique. T’y comprenais rien à la physique mais, tu t’es lancée. T’en as eu assez. Pas tout de suite, non, après des mois, à l’enlacer. A te prendre des revers. A devoir encaisser les remarques acerbes. Lui, ici. Lui, ailleurs. Lui un peu partout, toi un peu partout sauf dans son cœur. Au fond, au fait, t’en sais rien. Vous êtes quoi ? Potes, âmes-sœurs ? Les deux et parfois rien. Ce qui est clair c’est que vous vous contentez de trainer çà et là. A rire. A gueuler. A…être côte à côte mais, loin, loin là-bas.

en sommes : potes, amants, potes occasionnels. Si Sandro l'aime, il n'en sait rien. Il est couard. Trop. Il reste loin de ces conneries. Il fait l'homme. Il fait semblant et se perd dans l'rôle. Il sait qu'Dalila l'aime. L'haime. Il sait tout ça. Mais ce tout ça lui fait putain de peur et il préfère l'amitié. C'pas un joueur, pas quand c'est d'son coeur qu'il est question. Mais peut-être qu'un jour, il arrêtera d'n'être qu'un pauv' con pour voir qu'elle, elle est là, qu'elle l'a toujours été et qu'elle le restera.   

Parce que, je le vois trop vouloir avoir un oeil sur elle. Vouloir qu'elle soit dans les parages comme un sale grigri de merde auquel il tiendrait sans même s'en rendre compte.