all I can think about is you.

lottie ∞ billie

une autre journée au salon t'attend impatiemment. une longue journée, remplie de rendez-vous autant de petits que de gros tatouages. t'aimes ton boulot, non seulement parce que c'est ta passion, mais parce qu'à chaque fois, les clients débarquent avec des idées magiques. la plupart du temps ils arrivent avec un croquis, que tu retouches un petit peu par-ci et puis par-là, alors que d'autres arrivent carrément les mains vides. paumés. ceux-là sont tes clients favoris, ils te donnent leur confiance sur un plateau d'argent et jamais tu ne les déçois. c'est dans tes principes, ton talent mais surtout dans tes objectifs. tu ne dois jamais perdre de clientèle, jamais. pourtant, à chaque fois que tu mets les pieds dans le salon, la réceptionniste t'apprends qu'un client a du annuler son rendez-vous ou le remettre. et à chaque fois, ça te fais un pincement au cœur, ça te blesse quelque part dans le glaçon qui te serre d'organe. « j'crois que t'es maudite margo, tu devrais commencer à tatouer au lieu de jouer la réceptionniste. » lances-tu à ta collègue en riant, vous passez toujours votre temps à vous agacer. elle est belle margo, c'est toujours un plaisir de travailler avec elle. « peut-être que les clients vont arrêter d'annuler comme ça ! » rajoutes-tu en passant tes bras autour de son cou. la routine, comme à chaque midi. parce que oui, il est midi. dans le meilleur des mondes, tu bosses toujours à midi toi lottie. « si quelqu'un appelle, dit-lui que j'ai une place de libre en fin d'après-midi alors ! » et tu quittes finalement l'accueil pour rejoindre ton espace de travail. le premier client débarque, puis le deuxième. trois heures ont passées sans que tu t'en rendes comptes. c'est comme ça au boulot, ça passe vite. voilà l'avantage de faire un truc qui te passionne, qui te fais penser à autre chose. c'est d'avoir l'impression d'avoir commencé il y a à peine une heure, alors que deux autres ce sont écoulées. c'est déjà l'heure de la pause dîner et t'as même pas faim. alors tu laisses margo y aller et tu prends sa place à l'accueil. sa chaise est confo, et encore chaude alors t'en profites pour barbouiller sur son calepin de réservations. elle déteste quand tu fais ça, et c'est ce qui te pousses encore plus à le faire. t'aimes margo, t'aimes quand elle te crie dessus et qu'elle se prend pour ta supérieure. les minutes passent, ton crayon se vide de son encre et la porte d'entrée sonne enfin, annonçant l'arrivée d'un client. tu relèves la tête en souriant, prenant ton rôle de réceptionniste à cœur. ça t'amuse d'imiter margo, elle te tuerait si elle voyait ça.

mais là maintenant, plus rien ne t'amuse. la personne se tenant devant toi n'est pas un client habituel, n'est pas un de tes potes mais bel et bien ton ex. ouais, ton ex. là, maintenant, devant toi dans ton salon de tatouage. ses yeux qui te fixent te fait échapper le crayon qui tenait entre tes doigts tremblants. tu manques d'air, les mots te manquent tellement que t'arrives même pas à ouvrir la bouche. putain de merde j'y crois pas. tu te lèves, rabaissant les manches de ton chandail pour cacher tes tatouages. ça fait cinq ans que tu l'as abandonné, et tout ce que tu trouves à faire c'est cacher la nouvelle personne que t'es devenue. cours lottie, t'es pas prête pour ça.