tout le monde s’agglutine devant la scène, alors que le concert commence dans deux heures. tu les vois se presser, tenter d'être les premiers à pouvoir toucher les barrières. toi tu te tiens là, immobile. t'attends. t'attends tes potentiels clients, tu sais que ce soir, tu risques de vendre plus que d'habitude. mais les flics tournent, doucement, ils guettent. alors faut qu'tu t'bouges, Andy.

t'avais attendu cette soirée. tu l'avais tant attendu. t'avais relâché tes cheveux. tu t'étais donnée cet air rebelle qui inspirait l'envie. l'envie de venir te voir. le désir de venir te voir. toi, alexy. ce soir t'allais devoir un peu choper. le besoin urgent de remplir tes caisses. t'aimais pas quand elles étaient vides comme ça. te trouver un toit pour une semaine. comme tu sais si bien faire. t'étais un trop loin de chez toi. trop loin de zola. la foule bousculait déjà. comme des animaux. tu les regardais, attentivement. t'étais ce puissant félin dans ces animaux. eux c'était juste des chiens. ils écoutaient au pied et à la lettre. t'étais un peu la reine parmi eux. le guépard à l'affut d'une proie. tu sentais une certaine sauvagerie s'agripper en toi. tu guettais déjà le mal. le mal qui te ramènerait chez lui ce soir. c'était ainsi que tu marchais.

Sandro. Il se faufile à travers les corps qui se conglomèrent en un noyau presque parfait. Deux putains d’heures. Deux heures à buter avant que le concert ne débute, que les baffes s’mettent à cracher le son. Deux heures qui ont une sale gueule d’infini. C’est moche. Avoir cent vingt minutes et n’pas savoir quoi en faire. Ça fait presque pitié. T’façon, il se serait tiré. Si. Si Disclosure n’assurait pas le show. Si la tise n’avait pas été à 2 pesos max’. Et ça, voyez, ça, Sandro, il n’sait pas expectorer d’ssus. C’est.pas.possible. Puis, qu’est-ce qu’il f’rait chez lui ? – Rien. Rien et « rien », là, c’est pas suffisant. Il veut plus. Il ressent plus. Plus, tout de suite.  Il avance. Un pas devant l’autre. Cà et puis là. Il assomme la trajectoire. Renifle bruyamment. Il voit des tronches qui lui filent des hauts le cœur et d’autres qui lui arrachent un sourire. Sandro. Il voit Andy au loin et remarque l’ballet qu’il joue à la flicaille qui patrouille. Il s’allume une clope, à l’arrache, laisse son regard écorcher les silhouettes qui trépignent d’impatience autour de lui. Lui ? Lui, il s’en bat royalement les couilles. Il va se poser dans un coin, peut-être squatter Andy et ses p’tites pillules multicolores. Enfin. C’est là qu’il la voit, Alexy et qu’il décide qu’il va la gratifier de quelques salamalecs juste pour. Juste pour entamer ces deux heures qui lui paraissent se dilater comme les sphincters d’un animal mort. Charmante comparaison. « Vinheiro » qu’il éructe, plaçant une main souveraine sur ses épaules. « tudo bem ? ». Comment ça va, ouai. Ça va comment. Va ça comment. Ça comment va. Et le joint qu’il a fumé avant d’débarquer lui file un air bêta et des idées qui n’sont clairement pas d’première fraicheur. Sandro.

Un concert sur les docks ? Impossible que tu rates ça, tu t'en rendrais malade. Alors, bien entendu, t'avais prévenu ta bande, ils avaient intérêt à tous se pointer, tu les attendrais là-bas. Tu étais passé chercher Charlie, comme d'habitude. Elle aurait été capable de se perdre en route sinon. T'avais vu Nyx avant de partir la chercher, histoire d'avoir de quoi passer une bonne soirée. T'étais prêt avec ton jean brut et ton t-shirt. Ce n'est pas comme si tu t'étais mis sur ton trente et un, c'est un concert, faut pas déconner. Ce genre d'événements ça à tendance à te rendre comme un vrai gosse, t'aimes autant la musique que le skate, c'est pour dire. Puis c'est toujours un bon moyen pour s'amuser et se défouler. Arriver sur les docks tu te tournes vers Charlie  « Alors t'es prête à t'amuser ? » dit-il en s'allumant une nouvelle cigarette, impossible de laisser ce vieux vices derrière lui.

T’étais sur le cul. T’avais même pas eu besoin de faire le mur, tes parents t’avaient laissée sortir. Tant mieux non? Tu t’étais barrée avec Zac pour le concert. T’étais toute jolie, avec ton short en jean et ta chemise sans manches. Vous êtes vite arrivés au milieu de la foule pour le concert. « J’suis toujours prête à m’amuser! » Vous allumez une clope simultanément. Vous vous connaissez que trop bien. Tu reconnais Andy Au loin, mais t’arrives pas à t’approcher, à cause de tout le monde. Ça va être un putain de concert.

t'aperçois quelques têtes connues. puis, y'a cette tête. et ce corps. ce corps qui t'attire comme un aimant, qui fait de toi un homme dépendant. dépendant aux entrechocs de deux corps, et à leurs danses sous les draps. Neves. elle va déjà mal et tu le sais. et t'as peur pour elle. mais putain, qui t'es, qui t'es pour réagir comme ça? elle t'appartient pas. alors tu tournes la tête, et déposes une cigarette entre tes lèvres. tes lèvres trop abîmées, trop déchirées, trop brûlées. tu vois Sandro, au loin. trop loin. puis y'a Charlie, ta petite Charlie. alors tu t'poses sur une chaise et commande une bière. et t'attends.

t'as passé la journée à penser à la soirée qui t'attendais. tellement que t'as carrément loupé la pause dîner encore une fois. pour le coup, t'as bouffé le double de ce que t'as l'habitude de te permettre pour le souper. des sushis, rien de plus rien de moins. c'était le bonheur dans ton estomac, jusqu'à ce que tu tombes sur ton coloc à poil en débarquant à l'appartement pour te doucher avant de te rendre sur les lieux du spectacle. marvin, ton meilleur ami. c'est le seul homme que tu peux pas voir nu sans broncher. il est trop beau, trop beau pour te rappeler à quel point les hommes sont de bons coups parfois. mais c'est interdit de coucher avec ton meilleur ami, c'est chiant mais interdit.  comme t'es pas pressé de te rendre au concert, tu prends ton temps et roule cinq joints, dont un que tu fumes en même temps. l'herbe fait immédiatement effet sur  ta petite personne, tu sens tes yeux  devenir lourd, et ta bouche qui cherche de la salive. reste plus qu'à remonter tes cheveux et t'es prête. ta planche, un joint pour la route ainsi qu'une bière  t'accompagnes  tout au long du trajet. y'a déjà tout plein de gens présents, tu te perds dans la foule avec ton skate sous le bras. t'as un seul défi, et c'est de trouver andy pour qu'il te refiles de quoi rester eveillé toute la nuit. mais t'abandonnes, t'as la flemme voilà tout. alors tu te contentes de le texter, en esperant qu'il te répondes rapidement.   « t'es demandé au bar par une brune tatouée, elle veux d'la farine pour son gâteau ! » t'appuies sur envoyer et te commande un verre en attendant.

elle est un peu perdue, alma. elle regarde autour d’elle, à la recherche de têtes connues et reconnues. nada. elle vient d'perdre sa colocataire dans la foule mais l'appréhension fait battre son coeur. elle a pas envie de s'y mêler maintenant. de se sentir oppressée, bousculée. alors elle reste un peu en retrait, la bière à la main. elle sait même pas si elle la boira. elle scrute les alentours. elle est venue parce qu'elle adore ce groupe, et jamais elle n'aurait raté pareil évènement. mais maintenant qu'elle se retrouve seule, elle est perdue. faut qu'elle la retrouve. alors alma, elle se met en chemin, jouant des coudes, avant que la musique ne retentisse à ses oreilles. elle sait pas trop sur quoi elle marche. peu importe. elle jette un coup d'oeil. à gauche. à droite. et boom. elle se mange quelqu'un. sa bière ne fait pas long feu, et coule déjà sur le haut de la personne qu'elle vient de bousculer. elle porte sa main sur sa bouche en signe d'étonnement. mon dieu, je suis vraiment désolée.  dit-elle, avant de lever la regard sur le visage de son interlocuteur malchanceux.

on m'a causé d'un concert de disclosure ce soir vers les docks, ça te dit d'y faire un tour ? j'termine le boulot tard, ce serait plus pratique de se rejoindre direct là bas. tu me dis ça rapidement ? pas dans mille ans. Disco quoi ? Qu'importe. Les plans de Lino étaient généralement bons. J'avais une confiance aveugle en lui. Encore heureux, envers quelqu'un avec qui je partageais mon quotidien. Je balançais mon portable sur mon lit après lui avoir répondu et me tournais vers mon placard. Que porter ? Une salopette, un débardeur blanc et des nikes roses. En route. Je pénétrais dans la cage aux fauves. Lino devait me rejoindre pour vingt-et-un heures. Il était vingt-et-un heures. Putain. Pour une fois que je n'étais pas en retard. Je m'étais moi-même. Je glissais tout mes cheveux d'un même côté de ma nuque. M'élançais dans la foule afin d'atteindre le bar. J'avais soif. Ma gorge m'appelait. Me piquait. Mais j'allais sagement attendre mon colocataire. Manquerait plus que je paye quoi que ce soit. Je n'en avais pas l'habitude. Ce n'était pas maintenant que ma situation changerait. J'appuyais mes doigts contre le comptoir et laissais mon regard se perdre dans cette masse noire. Pleine d'humains débordant de motivation et d'excitation. Cette soirée serait bonne.

t'es jolie, ce soir, magda. t'es jolie mais ça va pas. alors t'es venue sur les docks, sans grande envie. t'es venue seule, t'as pas envie de voir des gens que tu connais. mais c'est pas pour autant que tu n'vas pas chercher des têtes qui t'sont habituelles. pas que t'es beaucoup d'amis, magda. t'es plutôt seule dans ton genre. les gens, t'es pas trop fan d'eux. les personnes se bousculent, te bousculent et ton idée n'est pas prête de changer. tu sors ton paquet de clopes, tu sors ton briquet, tu répètes un mouvement que tu connais si bien. t'inhales, t'inspires, t'expires, tu sais plus trop où tu en es. mais le goût de la clope est là. tant mieux, t'aimes ça.

t'avale une gorgée, puis deux, puis trois. t'es comme ça, andy. tu perds pas ton temps avec l'alcool. ça doit piquer, ça doit brûler au plus profond de tes entrailles. ça doit toucher là où ça fait mal. t'entends quelques accords de guitares, les guests vont commencer à jouer. les corps au loin commencent à remuer, doucement. tu sens ton portable vibrer au fond de ta poche, c'est Lottie qui te demande de la rejoindre. elle n'est certainement pas très loin. yo, j'suis à l'Irish, j'ai trouvé une table dehors. viens, j'ai ce qu'il te faut. tu t'allumes une énième clope en l'attendant. tu regardes la fumée s'élever haut dans les airs, et toucher les ailes des oiseaux volant bien trop bas. t'aimerais bien être à leur place, des fois.

Je m'enfonce dans la foule. Je me sens petite, je sens que j'étouffe aussi un peu. Les gens se bousculent et se rassemblent au devant de la scène, moi je recherche pas à être au plus près. Je veux juste observer ces jolis petits culs et puis boire aussi. Alors je me met au plus loin de la scène, au plus près d'un bar. Je le colle presque. Je lève la main vers le barman, je souris. Un sourire c'est beau, un sourire ça donne envie d'aller vers la personne et ça ne manque pas, il s'avance vers moi et oubli les autres.
« Tu me mets trois shooters. N'importe, j'ai soif. » Le barman dépose les petits verres devant moi, je le remercie et le paie sur le champs. Ma langue passe sur mes lèvres, je sens que ce soir va être une sacrée soirée, une putain de nuit. Mes doigts se saisissent du premier, puis du deuxième et du troisième. Le liquide me pique mais c'est agréable. Mes yeux balayent le lieu, je reconnais deux-trois bonnes têtes. Je souris à la vue de ses personnes, mais je ne bouge pas. Pas encore. Je m'allume une clope, elle s'accroche à mes lèvres, s'y agrippe fermement. On est pas mal, là. Ouais, on est vraiment bien. Je ne regrette finalement pas d'avoir bouger mes fesses de chez moi. J’aperçois Kate un peu plus loin, une pinte à la main. Je souris, ouais il était évident qu'elle soit là elle aussi.